Véritable application de la célèbre expérience de Stanley Milgram, La leçon d’allemand interroge sur la notion d’obéissance aveugle à la loi, ici en temps de nazisme. Jens Jensen est chef de la police dans un petit village allemand et il applique à la lettre les directives du parti nazi sans jamais s’interroger. Le film suit le parcours de son fils Siggi, aux premières loges d’un comportement paternel difficile à suivre dans une critique non pas que du nazisme, mais de tous ceux qui l’ont favorisé par une absence totale de jugement critique.

L’homme est un loup pour l’homme

Le film débute en suivant Siggi Jensen, adolescent mutique détenu dans une prison où il refuse obstinément de rendre un devoir imposé sur le thème des joies du devoir. Mutique et obstiné, il commence à rédiger un long mémoire sur son expérience personnelle et fait dérouler une histoire en tous points saisissante. Le vrai personnage du film est ce père policier dans un village de l’Allemagne septentrionale qui applique à la lettre et sans détours les directives du parti nazi, quitte à sacrifier ses proches. Le film suit cette application aveugle à la loi requérant de confisquer les toiles jugées malades et représentatives d’un art dégénéré. En l’occurrence, la victime en est un ami de longue date obligé de confier ses toiles au parti et d’arrêter de peindre sous peine d’emprisonnement. Trop petit pour agir, Siggi assiste à la persécution de ce peintre passionné mais interdit d’exécution de son art et dont son père ne cesse d’agir à son encontre. Comme acte de résistance, il choisit de subtiliser des toiles pour les cacher. Le film montre l’incapacité à l’action des témoins d’actes inhumains, faute de soutien dans une époque où la loi nazie prédominait, avec le risque de la mort et de la désolation, même au sein de la population allemande. Cette adaptation d’un roman de Siegfried Lenz paru en 1968, fait froid dans le dos et le réalisateur Christian Schwochow capte toute la schizophrénie d’une époque dominée par les suiveurs aveugles. Le réalisateur des très beaux Paula et De l’autre côté du mur interroge une fois de plus la conscience allemande dans un film aux scènes bouleversantes.

Le film a des airs de cancel culture avec cette interdiction d’exercer pour tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule. Le peintre pourchassé résiste pour une reconnaissance après guerre, preuve que la vérité du jour n’est forcément celle du lendemain. De quoi interroger sur les excès semblables de notre époque actuelle perpétrés par des penseurs obtus…

Synopsis: Siggi Jepsen est enfermé dans une prison pour jeunes délinquants après avoir rendu copie blanche lors d’une épreuve de rédaction. Le sujet : « Les joies du devoir ». Dans l’isolement de sa cellule, il se remémore la période qui a fait basculer sa vie. En 1943, son père, officier de police, est contraint de faire appliquer la loi du Reich et ses mesures liberticides à l’encontre de l’un de ses amis d’enfance, le peintre Max Nansen, privé d’exercer son métier. Siggi remet alors en cause l’autorité paternelle et se donne pour devoir de sauver Max et son œuvre…