Critique : On était très curieux de voir ce que Samuel Bodin pouvait nous offrir après l’essai concluant que fut la série « Marianne ». La sortie en édition physique de son premier long-métrage, « La maison du mal », nous conforte en tout cas dans l’intérêt que l’on peut avoir dans sa carrière au vu du talent présenté une nouvelle fois ici. On retrouve comme attendu une cellule familiale viciée, avec un malaise ambiant qui nous intrigue au tout début avant de mieux se détourner pour quelque chose d’imprévisible. En dire plus serait criminel mais il faut bien admettre que la structure narrative n’hésite pas à surprendre tout en restant cohérente dans son traitement, notamment avec sa noirceur de fond.

Le film reprend ainsi les interrogations sur une structure familiale connue tout en y intégrant des formes de déviations narratives et visuelles, à l’instar du traitement de la maison. La manière dont celle-ci est hantée par les interrogations de son jeune héros apporte un rapport perceptif à priori classique. Sa singularité se révélera avec un éclat d’autant plus violent qu’il impose un revisionnage pour mieux en apprécier ce qu’il révèle sur ce personnage d’enfant. Le détour pris par une intrusion en véritable jeu de massacre réjouissant résonne alors comme un climax ludique mais également cohérent dans ce qu’il interroge émotionnellement.

Se plaisant à dévier légèrement de sa structure classique avant de partir vers un train fantôme réjouissant mais également surprenant, « La maison du mal » est un plaisir horrifique certain qui mérite d’être remis en lumière avec cette sortie physique. On se plaira à suivre encore Samuel Bodin au vu de la richesse réflexive de ses œuvres, apportant une crainte sourde qui se matérialise dans des idées graphiques fortes ainsi qu’un fond narratif adoptant une grande confiance en son public.

Résumé : Peter, âgé de huit ans, est tourmenté par un bruit mystérieux et incessant de tapotement provenant du mur de sa chambre – mais ses parents affirment que ce n’est que le fruit de son imagination. À mesure que sa peur s’intensifie, Peter se persuade que ses parents lui cachent un terrible secret et perd toute confiance en eux, ce qui ne fait qu’accroître son angoisse et ses terreurs…