Avec cette adaptation réaliste du roman La Maison d’Emma Becker, la réalisatrice Annissa Bonnefont ne recherche pas la facilité. Son personnage de femme écrivaine qui projette d’écrire un livre témoignage suite à une expérience de prostituée dans une maison close de Berlin n’y va pas par 4 chemins. Elle observe, dissèque et fait le job. Le film est full frontal, interdit aux moins de 16 ans, rien n’est caché, donnant au film un faux air de film du dimanche soir sur M6. C’était le risque.

Dans la maison

La réalisatrice a dirigé des documentaires auparavant, expliquant de ce fait son regard précis sur les évènements. Avec les clients comme avec les autres prostituées, Emma (Ana Girardot) se prête au jeu pour gagner en crédibilité et surtout pas se faire identifier comme une femme écrivain. Anissa Bonnefont la scrute sous toutes les coutures, donnant à cette femme qui assume ses désirs et sa sexualité des atours de succube moderne. Au risque de se faire blacklister par sa famille, ses amis et ses petits amis. Le récit louvoie entre journal intime, caméra subjective et ébats tarifés. Cette plongée en eaux profondes ressemble parfois à un documentaire médical, soulignant le manque intrinsèque de sex-appeal d’un univers tarifé où tout n’est que théâtre. Faire croire à un consentement total quand l’objectif est de gagner de l’argent change la donne, même dans le contexte d’un confortable appartement berlinois. Le commerce des corps est encadré et régulé en Allemagne, comme avant en France. Bonjour Monsieur, au revoir Madame, de quoi faire réfléchir sur la pertinence de ce système et son interdiction en France. Le personnage joué par Ana Girardot a tout de la girl next door, pas du tout ultra sexualisée, pas non plus mante religieuse. Son regard fixe toujours sans ciller ses interlocuteurs, lui donnant un ascendant psychologique certain qu’utilise la réalisatrice face à des hommes venus passer une heure de tranquillité.

Au final, le film compte beaucoup de scènes qui légitiment sa restriction à un public très averti. Le sujet est clivant et le traitement du film sans œillères ni hypocrisie limite naturellement sa diffusion. Tant de nudité et de scènes osées ne nuisent-elles pas au message? Possible, certainement…

Synopsis:
Pour écrire son nouveau livre, Emma décide de se faire engager comme prostituée dans une maison close à Berlin.