La voix d’Aida n’invente rien. Des films qui suivent un personnage au milieu de l’horreur, il y en a eu et il y en aura encore. Le gardien au milieu de l’horreur des camps dans Le Fils de Saul, le jeune homme traumatisé dans Requiem pour un massacre, même les protagonistes de la Liste de Schindler. Tous les habitants de Srebrenica savent ce qui les attend, mais ce n’est pas eux qui tiennent un fusil mitrailleur à la main. Le cercle de la violence n’a pas de fin.
Un film douloureux
A la fin du film, le spectateur a le souffle coupé et il ne sait pas ce qui le scandalise le plus. Les forces de l’Otan incapables de protéger la situation? La population qui se fait mener docilement à l’abattoir? Le général serbe qui fait des promesses qu’il bafoue impunément? Cette femme incapable de sauver sa famille dans un contexte de guerre fratricide? Le film accumule les scènes chocs et il faut avoir le cœur bien accroché pour supporter certaines scènes. La violence n’est pas montrée à l’écran, elle est suggérée et laisse imaginer les pires horreurs. Femmes violées, hommes exécutés, familles séparées, larmes versées, le film ne montre rien mais dit tout. Aida est traductrice, professeure d’anglais de son état, et surtout incapable d’influer sur le cous des évènements. Elle a beau courir en tous sens, demander, quémander, supplier, les soldats hollandais de l’Otan sont proprement lâchés par leur hiérarchie dans l’œil du cyclone. Même armés, ils ne sont pas assez nombreux pour influer sur des miliciens sûrs de leur fait, crâneurs et menaçants. Alors ils ont peur. Et l’insupportable se déroule, le général serbe Mladic promet qu’il ne fera pas de mal aux populations, mais l’histoire l’a jugé, comme le dit bien wikipedia: Le 26 mai 2011, après 15 ans de cavale, il a été arrêté puis jugé au Tribunal Pénal international de La Haye, et condamné par la juridiction pour avoir notamment dirigé le siège de Sarajevo de 1992 à 1995, le massacre de Srebrenica, considéré comme le plus grand massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, ainsi que pour l’entreprise de nettoyage ethnique menée dans toute la Bosnie durant la guerre.
Le film revient sur une histoire scandaleuse, la communauté internationale a laissé faire, il y a de quoi se demander si ce genre d’évènement ne pourrait pas se produire chez nous, tout simplement… en cela, le film est un choc, avec des acteurs investis et totalement crédibles, et des scènes marquantes, comme ce milicien qui assiste à un spectacle d’enfants avec le sourire des années après la tragédie. Pardonner et vivre après le drame, pas un programme facile…
Synopsis: Srebrenica, juillet 1995. Modeste professeure d’anglais, Aida vient d’être réquisitionnée comme interprète auprès des Casques Bleus, stationnés aux abords de la ville. Leur camp est débordé : les habitants viennent y chercher refuge par milliers, terrorisés par l’arrivée imminente de l’armée serbe. Chargée de traduire les consignes et rassurer la foule, Aida est bientôt gagnée par la certitude que le pire est inévitable. Elle décide alors de tout tenter pour sauver son mari et ses deux fils, coincés derrière les grilles du camp.