Deux hommes d’âge mûr interprétés par Stanley Tucci et Colin Firth doivent faire face à la démence précoce du premier. Pas de solution à l’horizon, juste la meilleure manière de gérer la situation à trouver. Le film plein de pudeur montre le couple profiter des derniers moments de lucidité de Tusker, auteur à succès de plus en plus incapable se débrouiller seul. L’amour est digne, la chute est lente, la force des sentiments l’emporte sur la pesanteur des propos pour un joli moment de cinéma intimiste.

L’amour sur la route

C’est à bord d’un camping car qui en a vu d’autres que Sam et Tusker entament un voyage pour que le premier réalise un concert classique pour la première fois depuis longtemps. Les esprits sont acérés, les répliques fusent pour un humour pince sans rire qui met longtemps le drame qui se joue à distance. Pas de luxe superflu ni de super voitures de sports, le couple voyage à la cool avec des gros pulls en laine pour sillonner les paysages du nord de l’Angleterre. Le road movie est doux amer, le coupe profite le plus possible de chaque moment en se déchirant au sujet du sombre avenir qui se présente à eux. L’écrivain ne veut pas laisser son esprit filer, le pianiste clame sa volonté d’être là jusqu’au bout, l’un ne veut pas dépérir, l’autre ne veut pas abandonner son aimé. Les deux visions s’affrontent au fur et à mesure des étapes, au restaurant, dans une station service ou chez la sœur du pianiste. Narration linéaire, impasse des points de vue respectifs, le drame monte au fur et à mesure que la façade de Tusker tombe en lambeaux. Sa difficulté pour faire face aux tâches les plus lambdas du quotidien suggère une accélération de sa pathologie neurologique. Et la question se pose dans l’esprit de chaque spectateur, comment réagir dans une pareille situation? Le film est d’autant plus minimaliste que les huit-clos sont nombreux, avec toujours la même incertitude sur l’avenir. Le film fait d’autant plus plaisir que Stanley Tucci est généralement cantonné à des rôles de second couteaux, comme dans Le Diable s’habille en Prada ou Spotlight.  Toujours excellent mais au second plan, il prend ici toute son ampleur et c’est tant mieux avec ce rôle d’homme qui se voit tomber petit à petit.

Pas de happy end dans un film qui donne toute sa place aux acteurs principaux pour une vraie réflexion sur le sens de la vie. L’amour est présent, il est fort, le film demande à chacun s’il est possible de laisser partir l’autre. Pas de réponse toute faite, juste un cheminement dramatique qui touche au cœur.

Synopsis: Sam et Tusker s’aiment depuis 20 ans. À bord de leur vieux camping-car, ils rendent visite à leurs amis et famille et retournent sur les lieux de leur jeunesse. Depuis que Tusker est atteint d’une grave maladie, tous leurs projets ont été suspendus. Le temps est compté et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse. Cependant, ce dernier voyage va mettre leur amour à rude épreuve.