Appréhension
Je vais être honnête, j’ai regardé le film uniquement parce que Saoirse Ronan joue dedans, je l’ai regardé non sans une certaine appréhension, j’avais peur de voir un film néo-féministe woke à la morale débile (du style « le vilain patriarcat opprime les femmes », « les hommes sont tous des oppresseurs » et toutes ces conneries), et bien Dieu merci, j’ai eu tort, parce que ce film est juste de toute beauté, je l’avais très mal jugé!
La mise en scène
La mise en scène de Greta Gerwig est impeccable! Contrairement aux blockbusters qui sortent depuis des années à la mise en scène trop lisse, fade, écorchée et charcutée (coucou Gods of Egypt d’Alex Proyas), celle des Filles du Docteur March est parfaite! Ça respire, les actions arrivent pour la plupart sur un seul plan, les plans prennent leur temps, on n’est pas sur du surdécoupage qui vire au charcutage épileptique, on sent, du moins j’ai senti une vraie vision d’auteur, et ÇA, c’est ce qui manque de plus en plus dans le cinéma (que les blockbusters en prennent de la graine!), enfin bref la mise en scène est vraiment travaillée et très soignée, en outre certains plans sont vraiment très beaux à voir, on aurait dit des tableaux! De plus, j’ai remarqué dans le film comment différencier les séquences dans le présent, les souvenirs et les rêves: dans le présent, soit il fait moche, soit il fait beau mais les personnages sont à l’ombre, et les couleurs sont plutôt froides, tandis que dans les souvenirs/rêves (oui, je les range dans le même panier), il fait beau et les couleurs sont plus chaudes.
Le scénario
Pour le scénario, beeeen je suis un peu profane, je n’ai jamais lu le livre de Louisa May Alcott, de même que je n’ai jamais vu les adaptations, ni même celle de 1994 avec Winona Ryder, Gabriel Byrne et Susan Sarandon, alors je me suis embarqué dans l’histoire sans rien en connaître, à l’exception d’un élément. D’habitude, au cinéma, j’ai toujours une préférence pour les scénarios plus ou moins fantaisistes, l’horreur et le fantastique étant mes genres cinématographiques et littéraires de prédilection, et pourtant j’ai été totalement touché et emporté par Les Filles du Docteur March! J’ai toujours eu un faible pour les histoires familiales, en particulier lorsqu’il s’agit de fratrie, alors ayant moi-même deux frères et une sœur, je suis facilement pris dans ce genre d’histoire, et Les Filles du Docteur March ne fait pas exception. Je me suis même amusé à faire la comparaison entre les quatre sœurs March et ma propre fratrie, sachant en plus que Jo, Beth et Amy March sont artistes en herbe, comme ma sœur et moi-même!
Les costumes
Un autre point positif que je n’ai pas l’habitude d’aborder dans mes chroniques, mais une fois n’est pas coutume, je me dois d’en parler, les costumes, qui ont valu au film de recevoir l’Oscar des meilleurs costumes! En l’occurrence, ces costumes sont censés rappeler l’Amérique de la deuxième moitié du XIXème siècle (pendant la Guerre Civile, je rappelle), et c’est gagné, les costumes, en particulier les costumes féminins, beaucoup plus présents à l’écran, sont très réussis, alors l’Oscar est amplement mérité!
Les acteurs
Passons maintenant aux acteurs:
Je garde le meilleur pour la fin, alors je vais aller du moins bon au top du top.
L’acteur qui pêche complètement (et je ne vais peut-être pas me faire des amis): Louis Garrel. Je ne sais pas pourquoi, mais les acteurs français entre la vingtaine et la quarantaine sont des meringues au cinéma, et Louis Garrel ne fait pas exception. Avec sa tête monotone et son jeu aux fraises, j’ai eu l’impression de voir une statue, alors je suis complètement resté de marbre (LOOOOOOL!!!)! Bref, il joue comme une quiche, même en s’autodoublant dans la VF, il est pas mieux, j’ai eu l’impression d’entendre un mauvais star-talent dans un film d’animation (coucou François Civil dans Buzz L’Éclair).
Eliza Scanlen est… un peu insipide et en arrière-plan dans le rôle de la pauvre Beth March, emportée par la scarlatine.
Meryl Streep brille toujours dans ses rôles au cinéma, et tante March n’échappe pas à la règle, alors que son personnage est… pas la plus sympathique de la famille March, elle est aussi pragmatique que le gars de la pub Opel Zafira qui rabat les sièges en voyant des parachutistes se casser la figure (allez voir le JDG sur les pub des années 2000 et vous verrez), la preuve, elle place ses espoirs uniquement sur Amy March, considérant les trois autres sœurs comme foutues. C’est pas la grande joie, vous en conviendrez. Et puisqu’on parle d’Amy March:
J’avais déjà parlé de Florence Pugh dans ma critique de Don’t Worry Darling, et bien elle est touchante dans le rôle d’Amy March, pas la plus fût-fût de la fratrie, avec un comportement souvent infantile (dans une scène, elle fait du boudin parce que ses sœurs vont au théâtre et pas elle, alors elle fout le manuscrit d’un roman de Jo dans le feu, ce qu’elle feint avec autant de subtilité que l’humour de South Park et avec un air très arrogant!), mais pourtant elle est gentille! Un peu énervante, mais gentille! Mais un peu énervante. Mais gentille. Et surtout très gamine!
Et maintenant, la cerise sur le pompon!
Saoirse Ronan
Tout le monde en pince pour Emma Watson ou Florence Pugh, mais ma préférence va à Saoirse Ronan qui crève l’écran dans le rôle de Jo March!
Je suis complètement tombé sous son charme quand je suis allé voir Coup de Théâtre (film dans lequel elle joue avec Sam Rockwell), et ça n’a pas dépéri! Non seulement elle est sublime, d’une beauté renversante, mais en plus elle a un talent et un jeu d’acteur époustouflant, on aurait dû lui donner l’Oscar de la meilleure actrice, nom de Zeus!!! Quant à son personnage, elle a du caractère, elle ne se laisse pas marcher dessus, elle est audacieuse, ambitieuse, déterminée, et en plus, à l’instar de sa sœur Amy, c’est une artiste! Comment ne pas aimer le personnage de Jo March?!
J’ai particulièrement retenu mon attention sur la scène au début lorsqu’elle s’emporte contre Friedrich (Louis Garrel) qui a jugé ses manuscrits « quelconques ». Jo le relègue au rang de simple critique tout en lui rappelant qu’il n’a pas de talent pour l’écriture (du propre aveu de ce dernier), et ça m’a interrogé sur les rapports aux œuvres des points de vue des artistes et des critiques et la légitimité à juger d’une œuvre. Les critiques sont-ils moins légitimes à juger une œuvre lorsque ceci ne sont pas des artistes et n’auraient pas de talent pour l’art? C’est la question que je me pose, j’ai peut-être ma réponse, mais il vaut mieux faire preuve d’intelligence en ayant des doutes que de penser comme un imbécile en ayant des certitudes qui peuvent aveugler un jugement, alors je vous invite à vous interroger sur cette question et éventuellement à y répondre par vous-même.
Conclusion
Une mise en scène sobre mais soignée et personnelle, un scénario touchant sur une magnifique histoire de famille que toute personne qui a une fratrie se doit de connaître, des acteurs impressionnants (sauf Louis Garrel) et une Saoirse Ronan au sommet de son art, Les Filles du Docteur March offre un très agréable vent de fraîcheur dans le cinéma hollywoodien!
Et puis Saoirse Ronan, quoi!
Synopsis
Dans le Massachusetts, pendant la Guerre Civile, quatre jeunes sœurs de la classe moyenne font face aux difficultés de la vie quotidienne en temps de conflit: la sage Meg (Emma Watson), l’intrépide Jo (Saoirse Ronan), l’innocente Beth (Eliza Scanlen) et l’infantile Amy (Florence Pugh).