Voir Néo et Trinity revenir sur grand écran au cinéma, le concept est séduisant quand on a été marqué par Matrix premier du nom. Sauf que Keanu Reeves ressemble maintenant à John Wick avec sa barbe et ses cheveux longs, que Carrie Anne-Moss a quelque peu vieilli et que les enfantillages anticapitalistes passent un peu moins bien. Fini l’effet de surprise avec les chiffres verts qui défilent sur écran noir, l’esthétique sent le réchauffé. Les scènes marquantes des la trilogie originale sont patiemment recyclés dans des incrustations régulières et ces effets rétros rappellent surtout que l’épisode 4 ne comporte pas autant de scène marquante. L’appel du dollar a été le plus fort, Lana Wachowski n’a pas pu y résister, dommage pour l’intégrité artistique.
Un Matrix sans saveur
Dès le départ, le ton est donné. Trinity est prise au piège par une escouade de policiers dans le noir d’une pièce obscure, cachée devant un ordinateur solitaire, elle se débarrasse des intrus lourdement équipés à gros coups de tatanes, le lien avec l’épisode 1 est fait. La scène enthousiasme pourtant, peut-être par nostalgie, surtout quand vous avez été voir le premier opus en salle en 1999 pour la découverte d’une étape nouvelle dans le film d’action. Thomas Anderson est maintenant entrepreneur, il a créé un jeu vidéo innovant et révolutionnaire, il manage une boite à succès qui va sortir le 4e épisode de sa saga de video games. Ca ne rappelle rien à personne? Cette période du film emmêle les fils entre passé et présent, le film ressemble à un jeu vidéo dans le film, la réalité du film et la fiction de la matrice ne font qu’un… ou pas. Keanu Reeves semble perdu, il a des flashs de déjà-vu, le passé revient à la surface de son esprit par intermittences. Et puis, au hasard d’une visite dans un café, il retrouve Tiffany, alias Trinity, il gobe cette maudite pilule rouge, lui qui prend de la pilule bleue continuellement, et le voilà revenu au cœur de la matrice. L’introduction est longue, le film ne décolle pas vraiment. Il parait même très actuel avec cette référence faussement cachée aux théories du complot à la mode aujourd’hui, la vérité n’est pas aussi simple, et puis l’Agent Smith a fait sécession avec la matrice, une jeune génération de résistants s’oppose à l’ordre établi, avec des nationalités et des origines diverses, le film colle à l’ère Cancel Culture. De quoi se demander si un nouveau formatage idéologique n’est pas en train de prendre la place des idéologies anciennes, c’en est même un peu gros. Et puis l’action matrixienne est belle et bien présente, ça bullet time à gogo, ça se bat à 150 contre 3, les pistolets n’ont pas de cartouches car les balles sont à volonté. Toujours pas très réaliste, mais on connait bien la recette. De longues discussions essayent d’apporter des réponses sans vraiment éclairer les lanternes, le langage est abscons, presque codé, difficile de ne pas se perdre. Réflexions compliquées, action simple et directe, la méthode reste la même. Néo doit convaincre Trinity de le rejoindre, c’est tout l’enjeu du film. La résurrection peine pourtant à convaincre tant les ficelles sont grosses. Matrix est un film d’action qui n’assume pas son statut, d’où une glose incessante et des digressions endormissantes, d’où un déséquilibre constant et un intérêt vraiment réduit. Pour qui aime l’action, le film n’en offre pourtant pas une quantité invraisemblable, pour qui ne voit pas trop l’intérêt des longues scènes de bourre-pif, l’ennui pointe. Le film n’est pas à un paradoxe près.
La matrice a déjà 22 ans et ça se sent. Un nouveau film pour la nouvelle génération pourrait bien refaire partir l’intérêt pour la franchise, et la machine à billets. Voilà de quoi justifier ce 4e épisode alambiqué et pas vraiment nécessaire.
Synopsis: MATRIX RESURRECTIONS nous replonge dans deux réalités parallèles – celle de notre quotidien et celle du monde qui s’y dissimule. Pour savoir avec certitude si sa réalité propre est une construction physique ou mentale, et pour véritablement se connaître lui-même, M. Anderson devra de nouveau suivre le lapin blanc. Et si Thomas… Neo… a bien appris quelque chose, c’est qu’une telle décision, quoique illusoire, est la seule manière de s’extraire de la Matrice – ou d’y entrer… Bien entendu, Neo sait déjà ce qui lui reste à faire. Ce qu’il ignore en revanche, c’est que la Matrice est plus puissante, plus sécurisée et plus redoutable que jamais. Comme un air de déjà vu…