Difficile de parler de Memory sans le spoiler tant les découvertes se font au fur et à mesure du film dans un déroulé qui dévoile les fêlures et les cicatrices des 2 personnages principaux. Le film débute dans une réunion des Alcooliques Anonymes à laquelle le personnage de Sylvia (Jessica Chastain) assiste, première révélation. Puis elle va à une réunion d’anciens élèves à laquelle elle n’a clairement pas envie d’assister. Elle fuit quand un homme (Peter Sarsgaard) s’assoit à côté d’elle, deuxième fêlure. Elle quitte la réunion et l’homme la suit, le mystère s’épaissit. Pourquoi la suit-il?
Un film retors
Memory est le 9e film de Michel Franco après notamment Sundown, Nouvel ordre et Les filles d’avril. Jessica Chastain est arrivée la première sur le projet car son agent et celui de Michel Franco pensaient qu’ils pourraient bien s’entendre, ce qui fut le cas, ils ont déjà tourné un autre film ensemble à sortir bientôt, Dreams. Ils se sont mis rapidement d’accord sur le fait que le personnage de Sylvia ne doit pas porter de maquillage et doit revêtir toujours les mêmes vêtements que l’actrice a acheté elle-même dans un magasin discount. Elle ne cherche pas à séduire et s’enferme dans son appartement dont la porte est munie de plusieurs serrures, l’alarme perpétuellement actionnée. Elle cherche à se protéger, le spectateur s’interroge jusqu’à ce que la vérité éclate, dramatiquement. Jessica a suggéré Peter Sarsgaard pour le rôle de Saul, personnage atteint de démence, il perd la mémoire et se débat comme perdu dans le monde, il a tous ses moyens physiques mais n’a que peu de mémoire immédiate, l’handicapant irrémédiablement. Il vit avec son frère qui s’occupe de lui. Le film a été tourné à New York en décors naturels, à l’exception de l’appartement de Sylvia, qui a été reconstitué dans une galerie d’art. Le rythme est lent et le film fait penser à un opus de John Cassavetes avec 2 quarantenaires qui se rapprochent malgré un destin contraire. Les sentiments naissent, mais les proches ont peur et tentent de les protéger d’eux-mêmes, eux qui souhaitent vivre des émotions fortes auxquelles ils n’ont plus vraiment droit.
Pas vraiment du pathos, mais une chape de plomb qui recouvre le film du début à la fin. Même les sourires semblent contrits, comme si les personnages avaient peur qu’un sourire déclenche un cataclysme. En tout cas une vraie expérience de cinéma.
Synopsis: Sylvia mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail et ses réunions des AA. Pourtant, ses retrouvailles avec Saul bouleversent leurs existences, réveillant des souvenirs douloureux que chacun avait enfouis jusque-là.