Critique : Si Agatha Christie a su perdurer comme une icône de la littérature policière, ce n’est pas uniquement pour la grande qualité de ses écrits (même si cela a bien évidemment eu un rôle primordial). C’est également par un fond social riche, n’hésitant pas à développer une noirceur morale inattendue, à l’instar de ce « Témoin indésirable ». S’ouvrant dans une note dramaturgique forte (un homme se retrouve enquêteur car il se sent coupable de ne pas avoir su innocenter un condamné à mort), le film dispose d’une base narrative passionnante qu’il accomplira assez bien.

Ainsi, l’enquête menée par le docteur Calgary devient moins une investigation criminelle qu’une fouille intime d’une famille aux failles des plus béantes. Derrière la richesse apparente se trouve une cellule viciée par les orgueils et le besoin de maintenir une apparence. La résolution se fera alors moins intéressante que le portrait dressé ici de cette famille Argyle et de ses membres disparates. Le casting parvient alors à conférer assez de personnalité à ses membres malgré des temps de présence assez aléatoires.

Le flegme de Donald Sutherland et une mise en scène avec quelques idées achèvent alors l’intérêt de ce « Témoin indésirable », nous donnant même envie de passer sous le tapis quelques idées pas spécialement accomplies (à l’instar du fond musical, voulant lier investigation britannique au récit noir à l’américaine). On passe en tout cas un bon moment devant le long-métrage tout en appréciant une nouvelle fois la manière dont Agatha Christie parvient à détricoter les valeurs morales pour mieux en sortir une certaine noirceur…

Résumé : Assassinée durant Noël 1954, la riche philanthrope Rachel Argyle l’aurait été, selon la justice, par son fils adoptif, Jacko. Après le décès de celui-ci, mort d’une pneumonie derrière les barreaux, son ami le docteur Arthur Calgary, qui aurait dû lui servir d’alibi, revient d’un long voyage à l’autre bout du monde. Confronté à la famille du meurtrier supposé, il découvre qu’aucun de ses membres n’attend qu’il remue le passé et sorte des squelettes des placards. Pourtant, mieux que personne, Calgary sait que l’un des Argyle est le tueur.