Après une semaine de vacances en famille loin des cinés, l’heure est venue de vérifier la réputation de cette énième incarnation de Batman. Après Michael Keaton, Christian Bale et Ben Affleck, c’est l’heure de Robert Pattinson d’endosser le masque et l’armure du justicier masqué habillé en chauve-souris. Et s’il s’en sort bien, le film bien trop long ne parvient pas tout à fait à convaincre avec son absence de scènes marquantes et de personnage inoubliable. Il manque clairement un Heath Ledger en Joker pour donner envie de revoir un film de 3h (!!!!!) qui choisit l’ambiance plutôt que la résonnance.
Un Batman trop vu
Premier constat, avec toutes ces versions, Batman n’a hélas plus grand chose à faire découvrir de sa psyché. Orphelin milliardaire qui choisit de se masquer pour rendre une justice que les tribunaux de Gotham peinent à symboliser, il sacrifie sa vie pour les autres, incarnant un symbole qui calme les ardeurs des criminels quand le signal resplendit dans le ciel la nuit. D’un point de vue philosophique, le film n’apporte rien de vraiment nouveau. La trilogie de Christopher Nolan prenait sensiblement le même point de vue. Caché dans l’ombre, respecté mais aussi craint et considéré comme un freak, Batman n’a droit qu’à la lumière des lampadaires. Pas un super héros flamboyant, les gadgets sont les mêmes, la manière d’opérer sans armes et de frapper très dur avec ses poings ne marque aucune évolution. Le héros évolue sans armes à poudre, quitte à se prendre quelques gros bastos en travers de sa cuirasse, d’où un corps marqué par ses sorties nocturnes tumultueuses. Rien de neuf, donc.
Une galerie clinquante mais vide de personnages secondaires charismatiques
C’est un peu le mal du siècle. Un film sans têtes d’affiche ne fait pas bouger les foules. Et ce Batman n’en manque pas. Un Colin Farrell inutilement méconnaissable et pas assez utilisé en pingouin, un John Turturro monolithique en Carmine Falcone, un Jeffrey Wright honnête sans plus en Commissaire Gordon, un Andy Serkis fermé en Alfred, un Paul Dano surprise, il n’y a guère que Zoé Kravitz à tirer son épingle du jeu en Selena Kyle alias Catwoman. Les personnages sont nombreux et pas assez de temps à l’écran pour être suffisamment creusés et avoir assez le temps de s’exprimer, bizarrement étant donné les 3 heures du film, pour faire le show. Le pingouin a tout juste droit à 2 faces de mano a mano avec The Batman dont une scène de course poursuite qui ne rentrera pas dans les annales. Là où Heath Ledger remplissait littéralement l’écran avec ses multiples apparition dans The Dark Knight, et par conséquent de nombreuses scènes cultes, personne n’a vraiment sa place et donc son intérêt ici.
Une vraie ambiance de film noir
Là où The Batman réussit à captiver, même avec ses 3 heures à rester vissé à son siège, c’est dans son ambiance. Grâce à une musique savamment choisie à coup de marche funèbre de Chopin, d’Ave Maria de Schubert, de Something in the Way de Nirvana et de musiques d’ambiance dérivées des 3. Dès la scène de départ avec Schubert, le ton est donné avec un mystérieux observateur. D’ailleurs, Batman met du temps à débarquer et Robert Pattinson a une coupe cheveux mi-longs qui le font ressembler diablement à un Kurt Cobain brun. Les auto-références ne manquent pas, comme ces quidams grimés en joker période Ledger un soir d’Halloween ou ces phrases sorties du Dark Knight (good cop bad cop, freak). La nuit règne en maitre et les bas-fonds forment un univers fait de dépotoirs et de caniveaux. Batman et Gordon se retrouvent souvent dans les hauteurs d’un immeuble en construction, comme une métaphore de la justice plus près des cieux que des abysses.
Un vrai problème de rythme
Sur les 3 heures du film, 1 bonne heure semble en trop. La place laissée à l’ambiance fait bailler malgré quelques bonnes astuces, comme ce pingouin devenu gérant d’une boite de nuit regroupant à la fois la pègre et l’élite de la cité (mais sans porte-cigarette). Et puis pour un film se voulant adulte, le happy-end à coup de violon fait un peu tâche. Et comme souvent dans les films de super-héros, pas trop de sang à l’écran. Sans spoiler, on sait qu’un personnage est censé passer un mauvais quart d’heure avec des rats, mais rien ne filtre à l’image, c’est bien lisse malgré la revendication affichée d’un film putride et glauque. On attend une version non censurée, donc.
The Batman manque de scènes inoubliables et de réparties cultes. Une fois le visionnage passé, qui a envie de repasser 3 heures devant un film bancal, avec ses vraies qualités mais aussi de vrais défauts? Pattinson et Kravitz sont bons, la musique est sympa mais rien de vraiment folichon, même si la perspective de voir le clown débarquer laisse présager d’une suite… à voir.
Synopsis: Deux années à arpenter les rues en tant que Batman et à insuffler la peur chez les criminels ont mené Bruce Wayne au coeur des ténèbres de Gotham City. Avec seulement quelques alliés de confiance – Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon – parmi le réseau corrompu de fonctionnaires et de personnalités de la ville, le justicier solitaire s’est imposé comme la seule incarnation de la vengeance parmi ses concitoyens. Lorsqu’un tueur s’en prend à l’élite de Gotham par une série de machinations sadiques, une piste d’indices cryptiques envoie le plus grand détective du monde sur une enquête dans la pègre, où il rencontre des personnages tels que Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton, alias l’Homme-Mystère. Alors que les preuves s’accumulent et que l’ampleur des plans du coupable devient clair, Batman doit forger de nouvelles relations, démasquer le coupable et rétablir un semblant de justice au milieu de l’abus de pouvoir et de corruption sévissant à Gotham City depuis longtemps.