Entre comédie et satire sociale, la réalisatrice Haifaa Al-Mansour raconte dans The perfect candidate le combat de Maryam, jeune saoudienne décidée à se présenter aux élections municipales. Docteur de son état, respectueuse des traditions mais aussi éprise de modernité, elle va se confronter aux rigidités séculaires d’une société noyautée par les hommes. Sans tambours ni trompettes, ce film offre un regard neuf sur un monde en pleine évolution.

Une fiction très proche d’un documentaire

Voilà 7 ans, la réalisatrice offrait le très beau Wadjda pour un vrai choc émotionnel avec cette jeune saoudienne qui rêvait de vélo et se confrontait aux blocages locaux. Le récent et très classique Mary Shelley laissait voir l’évolution de la réalisatrice au contact de l’occident, elle signe ici un retour dans son pays natal pour encore une histoire de femme obligée de se battre pour se réaliser. La seule réalisatrice d’Arabie saoudite imagine un personnage respectueuse de la plus parfaite tradition qui se retrouve à se présenter malgré elle aux élections municipales domestiques pour pouvoir quitter son pays à l’occasion d’un séminaire. Saisissant cette opportunité au bond, elle se prend au jeu et présente un programme pour se faire élire, malgré les réticences de sa famille et de ses proches. C’est un vrai parcours initiatique qui se déroule avec ses chausse-trappes et surtout ses résistances. Mais la jeune femme a de la poigne et de la volonté. Les infrastructures insuffisantes de sa clinique lui donnent un bon prétexte pour se lancer et elle finit par devenir très persuasive, échouant d’un cheveu dans l’élection, sans que l’on sache si c’est une manipulation délétère ou un résultat vraiment démocratique. Haifaa Al-Mansour prend le film pour prétexte afin d’aborder différents sujets de société, le rôle de la femme, l’ostracisme organisé et une société où les femmes diplômées sont moins bien considérées que leurs collègues masculins. Le film est d’une belle fraicheur, avec quelques coups de gueule mais jamais de violence inconsidérée. L’actrice Mila Alzahrani fait preuve d’un bel humour tout en retenue dans le rôle-titre, pour devenir finalement très attachante.

The perfect candidate trouve le bon tempo pour emporter le spectateur 1h40 durant, sans jamais lasser, pour un joli coup de projecteur sur une société déjà en pleine évolution – les femmes conduisent et peuvent travailler – les mentalités sont en train de changer. Pour preuve, les Saoudiennes peuvent maintenant voyager sans l’autorisation d’un tuteur. Un film à découvrir dans le contexte actuel si particulier.

Synopsis: Maryam est médecin dans la clinique d’une petite ville d’Arabie saoudite. 
Alors qu’elle veut se rendre à Riyad pour candidater à un poste de chirurgien dans un grand hôpital, elle se voit refuser le droit de prendre l’avion.
Célibataire, il lui faut une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent. 
Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville.
Mais comment une femme peut-elle faire campagne dans ce pays ?