Le film d’Umberto Pasolini raconte le retour d’Ulysse (bien meilleur Raph Fiennes ici que dans le récent et décevant 28 ans plus tard) sur son île d’Ithaque 20 ans après son départ. 10 ans de guerre à Troie, l’idée du stratagème du fameux cheval qui a conduit à l’anéantissement de la cité antique, puis 10 ans de retour à travers la mer Méditerranée avec de nombreuses turpitudes, des sirènes, un cyclope, une sorcière. Le film débute alors que le corps d’Ulysse est échoué sur la plage. Seul, sans compagnons tous disparus dans ce que le spectateur imagine être une tempête. Son épouse Pénélope (Juliette Binoche) est submergée par les avances pressantes de prétendants désireux de récupérer le royaume. Mais elle attend fidèlement son mari, tout le monde l’imagine défunt mais pas elle. Les images sont ultra réalistes voire naturalistes, pas d’effets spéciaux pour cette histoire d’amour qui a traversé les âges avec toujours la même acuité.

10 ans subis… ou voulus?

Certains s’en souviennent, les personnages principaux du film de Godard Le Mépris devisent sur les raisons du délai pris par Ulysse pour rentré chez lui. Ulysse a-t-il pris son temps pour profiter de la vie pendant que son épouse devait se dépatouiller avec les prétendants? Homère penchait plutôt pour le poids du destin et le rôle taquin des dieux qui ont mis sciemment des embûches sur sa route pour l’empêcher de rallier son île natale malgré son désir de rentrer urgemment. Le début du film montre une Pénélope droite dans ses bottes, elle qui défait la nuit le tapis qu’elle tresse le jour. Les prétendants sont dupes mais commencent à perdre patience, eux qui pillent l’île de toutes ses richesses. Télémaque le fils est tiraillé, rester, partir, il ne sait que choisir. Ulysse pendant ce temps là se terre et cache son identité que certains commencent tout de même à deviner. Il se fait passer pour un mendiant démuni de tout. Le film laisse le temps au personnage de se décider à refaire surface, car il a honte d’avoir trompé sa femme, d’avoir cheminé sur les routes maritimes et surtout d’avoir trahi ses compagnons dans un égoïsme qu’il porte désormais en horreur. The return est l’histoire d’une rédemption et d’une vengeance. Car l’ultime stratagème de Pénélope va mener les prétendants à leur perte. Elle décide d’épouser celui qui réussira à bander l’arc de son mari (métaphore?), personne n’y parvient jusqu’à l’essai fructueux du mendiant qui réussit l’impossible et en profite pour se débarrasser des importuns.

La vengeance est sanglante, voire injuste car tous les prétendants ne sont pas des brutes épaisses. Le roi est de retour, il récupère son île, sa femme et son fils mais l’affront n’est pas pour autant lavé. Il faudra du temps à Pénélope pour pardonner à son mari volage. Le film se finit sur une embarcation qui s’éloigne à l’horizon, celle de Télémaque qui part vivre sa vie d’adulte, clôturant un film qui respecte le récit d’Homère avec une belle justesse.

Synopsis: De retour de la guerre de Troie après 20 ans d’absence, Ulysse échoue sur les côtes d’Ithaque, son ancien royaume. Sa femme Pénélope, restée fidèle, y vit prisonnière de sa propre demeure, repoussant tous les prétendants à la couronne. Télémaque, leur fils, qui n’a jamais connu son père, devient lui un obstacle pour ceux qui veulent s’emparer du pouvoir.