Quand le drame surgit dans le quotidien le plus paisible, il remet en cause les certitudes et fait table rase du passé. Une famille tunisienne se croit en sécurité et vit dans un sentiment d’inadvertance ravie mais le drame de l’extrémisme fait mentir des parents déboussolés quand leur fils est victime d’une balle perdue. 2011, c’est en plein dans la révolution tunisienne, les conflits surgissent de toutes parts et la famille doit faire face à un flot de turpitudes inattendues. Le film se suit comme un thriller, avec son lot de victimes innocentes et un impérieux besoin de résilience. Un des grands films de ce début 2020.
Un film comme un gros coup de poing
La Tunisie, si loin si proche. Les croyances le disputent aux vérités scientifiques et le socle familial parait plus solide qu’ailleurs. C’est pourtant cette balle perdue qui va bouleverser le couple Farès (Sami Bouajila)et Meriem (puissante Najla Ben Abdallah ) quand leur fils se retrouve inopinément plongé entre la vie et la mort. Car Meriem cache un lourd secret qui va surgir quand les médecins vont vérifier la comptabilité génétique des deux parents avec leur enfant. Le spectateur se trouve balloté entre 3 drames parallèles. La survie du jeune Aziz (Youssef Khemiri), le couple qui tangue et un pays tout prêt de couler. Le conflit proche dans la Lybie voisine se fait ressentir jusqu’à Tataouine et le spectre islamiste parait une ombre bien présente dans un pays en équilibre précaire entre tradition et modernité. Le réalisateur Mehdi M. Barsaoui était déjà à la manœuvre comme 1er assistant réalisateur pour le trépidant La belle et la meute et le documentaire Le challat de Tunis. Il réalise enfin son premier film comme un thriller qui tient en haleine. Les deux acteurs principaux se débattent entre fierté et amour filial, leur intensité transparait dans chaque plan. Le personnel médical fait de son mieux mais les solutions sont rares et le film ne laisse percer des lueurs d’espoir qu’au compte gouttes. Comme souvent devant des drames familiaux, les parents auront constamment le coeur serré face au compte à rebours des médecins concernant la survie d’Aziz, entrainant avec eux des spectateurs tout aussi retournés. Un fils, c’est le drame de la vie qui peut faire basculer un individu à chaque instant.
Le film se suit avec le souffle coupé, jusqu’à cette scène finale lourde en émotion et en espoir. Voir ce film au cinéma, ce ne sont pas deux heures de perdues, c’est du vrai cinéma intense et tendu.