Il suffisait d’un casting séduisant (Jesse Eisenberg qu’on ne présente plus et la sympathique Imogen Poots) et d’une sélection en festivals reconnus comme Gérardmer pour faire monter la sauce de Vivarium.

Lorcan Finnegan nous propose un film-concept singulier dans lequel il faut se jeter à cœur perdu pour en dénicher le potentiel. Le postulat de base est très simple: un jeune couple visite une maison dans un quartier américain et, alors que tous leurs souhaits sont servis sur un tableau, cela ne convient pas. L’intérêt de Vivarium est de faire vivre l’expérience biologique d’un rat en laboratoire sur l’être humain sans perdre de temps à expliquer comment on en arrive à ce projet.

Une déconstruction de l’être social

L’être humain, le sens de la vie, la société… comment tout cela s’imbrique? Est-ce si naturel? Nos deux protagonistes vont évoluer dans un quartier sans fin purgé de tout pêché capitaliste et prendre la place d’Adam et Ève dans un éden pervers. Le couple apprendra donc à ses périls qu’ils souhaitent plus que fonder un foyer, ils cherchent à se protéger en s’insérant dans des sphères plus larges (la famille symbolisée par la maison et la société par le quartier qui s’étend à perte de vue).

Tout leur est servi sur un plateau: enfant à élever, foyer à entretenir… Mais se retrouver seul et à l’écart de toute trace de l’humanité… N’est-ce pas la plus grande peur de l’homme? Quel sens donner à sa vie dans cette configuration? Et c’est avec cette réflexion que l’horreur intelligente prend place. Le cinéma d’horreur médiocre que l’on nous propose depuis de nombreuses années nous avait habitué au jumpscare. Mais ici, sans aucun ennemi, le silence devient encore plus effrayant qu’un fantôme dessiné en post-production. On attend, on s’attend à tout, sauf au silence, et la dépression monte, encore et encore… dans un pur moment de cinéma.

Une confrontation à la beauté de la vie

Dans ce qui se transforme peu à peu en enfer terrestre, la beauté de la vie émerge envers et contre tout. Sans être mauvais moralisateur, Finnegan nous montre le Beau, le vrai, le seul. Parfois, il faut prendre du recul pour le comprendre. Le Beau résiderait dans ces petits moments du quotidien que sont le moment d’aller dormir avec l’être qu’on aime, danser, se promener en voiture. C’est lorsqu’on est éjecté de ce quotidien que l’on voit toute sa force poétique. On ne trouve peut-être pas de sens métaphysique à notre vie, mais le quotidien lui donne un sens concret, quotidien, accessible.

Ce sens du beau qui paraît plutôt simpliste dans sa démarche, prend une ampleur inattendue grâce au scénario. En effet, ce vivarium pour humain aliénant conduira le personnage principal à creuser un trou, encore et encore. Quand la folie prend place, le regret vu par l’autre l’accompagne. Tout comme la métaphore de l’oiseau qui tombe de son nid qui accompagne le long-métrage, l’homme n’est qu’un animal social et politique. Tâchons de nous en rappeler pour l’avenir.

En bref, Vivarium est un très sympathique film-concept comme il s’en fait peu de nos jours. L’audace aurait pu être poussée encore plus loin, dessinée plus finement. Mais pour un début de carrière, avec une direction d’acteur jeune mais réussie, on salue l’auteur, la démarche. On attend la suite de sa carrière avec impatience!