La brève mais intense histoire d’amour entre le jeune Alexis et le plus mature David remplit d’abord tout le cadre avec une osmose parfaite entre les deux êtres. Ce qui fait que la première moitié du film fait voguer l’esprit des spectateurs dans des cieux cléments qui parleront à chacun, véritable réminiscence personnelle d’émois anciens et inoubliables. Lorsque le fil se casse et que l’histoire ne devient déjà plus qu’un souvenir, certains se sentiront un peu perdus avec un Alexis devenu aussi isolé que maladroit, la magie opère alors un peu moins. Ce qui fait du film un demi succès, mais c’est déjà ça.
Une histoire d’amour éternel
L’existence d’Alexis tourne autour de parents aimants, d’une école qu’il cherche à dompter et d’un avenir encore plein d’incertitudes. Rien de vraiment étonnant pour tous ceux qui ont connu cet âge de tous les possibles. Quand David apparait vaillant sur son embarcation au détour d’un chavirage malencontreux, c’est comme un soleil qui perce à travers le nuages. Avec ses faux airs de Bob Geldof, Benjamin Voisin accumule des réparties truculentes et des sourires ravageurs pour un charme qui agit immédiatement sur le jeune homme. Suivent 6 semaines d’un amour d’été que le jeune Félix Lefevre vit comme une évidence aux airs d’éternité, trop jeune qu’il est pour que les promesses faciles soient pérennes et plus que fugaces car inconséquentes. Pour lui, tout est sérieux, tout est définitif, et ce sentiment l’emplit d’une joie ineffable. Voilà, la première moitié du film s’achève et le spectateur ne sait pas encore que la rêverie passionnée touche à sa fin et que le temps du deuil va commencer, bien moins convaincant. C’est bien dommage de faire alors un peu sortir le spectateur du film. Le ton est moins enjoué, la tristesse est brutale et le jeune Alexis est d’une maladresse confondante, accumulant les actions qu’il juge nécessaires mais qui font quelque peu pouffer les spectateurs. Voilà, c’est le drame d‘Eté 85, un film enthousiasmant et décevant à la fois. François Ozon sait choisir ses jeunes acteurs et les adultes qui les encadrent. Valérie Bruni-Tedeschi et Isabelle Nanty sont étincelantes en mères de familles perdues et Melvil Poupaud est plus que crédible en professeur bienveillant avec la clope au bec en plein cœur des années 80. Un autre temps, des souvenirs pour beaucoup, avec cette scène de walkman très La Boum et cette jeune fille au pair anglaise qui avive tous les fantasmes.
Eté 85 est un bon moment de cinéma, surtout dans sa première moitié, avec la résurgence de toute une époque et cette évocation toujours marquante du premier amour entre deux êtres. Une bonne pioche, sortie en juillet 2020 dans les salles.
Synopsis: L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu’un été ? L’été 85…