Nanni Moretti a été jeune un jour. Il avait du souffle, de l’énergie, de la morgue. Il questionnait autant le passé, le présent et l’avenir. Les idées fusaient à un rythme endiablé. Il chantait, roulait sur sa Vespa, vitupérait. Maintenant il a comme du mal à parler avec plus de 10 mots à la minute, il hésite, l’âge de la retraite n’a pas encore sonné mais il pointe à l’horizon. Il déclarait récemment dans le programme Vidéo Club de Kombini qu’il lui arrivait de moins en moins souvent de ne pas regarder sa montre dans une salle de cinéma. C’est caustique. Car lui-même a perdu ce qui faisait tout le sel de son cinéma, une ironie piquante, un recul monstrueux sur notre monde. Il est tombé dans l’auto caricature sans peut être même s’en rendre compte. Il ressasse son passé, parle encore et toujours sur parti communiste italien, il regarde les mêmes vieux films à la télé. L’avenir pour lui est flou, le présent est brumeux, il ne vit plus que dans le passé. Même l’affiche montre bien qu’il est à l’arrêt, sur une trottinette, le visage comme un masque de cire. Nanni Moretti n’invente plus rien, il resasse, il radote, il s’énerve tout seul. Chaque film devient une tentative pour continuer d’exister, alors il parle, il se met en scène, au propre ou au figuré, il est toujours là pour rappeler qu’il bouge encore. Mais le résultat est convenu, sans guère plus de nerfs ou de vitalité. Il a fait des films inoubliables, mais c’était avant. Il a de la chance, il a encore des amis dans le milieu pour le faire apparaitre dans la sélection officielle du Festival de Cannes. A la place de qui?

Synopsis:
Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à tourner son nouveau film. Mais entre son couple en crise, son producteur français au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.