Yalda évoque l’histoire vraie du destin d’une jeune femme laissée au bon vouloir des téléspectateurs d’un show télé iranien. Tapez 1 et vous la sauverez, tapez 2 et elle sera pendue. Incroyable mais vrai, le réalisateur Massoud Bakhshi s’en sert pour brosser un vaste tableau des turpitudes humaines à l’aide d’un personnage principal incroyable d’immaturité. Il faut être très bon réalisateur et excellente actrice pour susciter un tel sentiment chez le spectateur tant elle réussit à être parfaitement irritante tout le long du film, chapeau.
Un thriller déguisé en peinture sociale
Yalda se déroule en Iran dans un pays qui ressemble tellement au notre que ça en est perturbant. Un producteur télé omnipotent, un présentateur télé playboy, une salle de régie ultramoderne, des bâtiments à l’architecture contemporaine, de multiples voitures occidentales sur des autoroutes bondées, il n’y a que quelques différences, ténues mais primordiales. La plus voyante est la place centrale de la charia et le recours récurrent aux écritures sacrées, on ne rigole pas avec ça dans le pays des mollahs. Le résultat est une sorte de réalité augmentée, une perspective tangible avec une question troublante, un pays comme le notre pourrait-il devenir un jour similaire à l’Iran? La question taraude le spectateur tandis que le nœud de l’intrigue se dévoile, la jeune Maryam risque la pendaison pour avoir accidentellement tué son mai Nasser, 65 ans, ami de la famille de longue date. Un show lui permet de sauver sa vie en la confiant dans les mains des téléspectateurs. Mais pour cela , la fille de Nasser doit lui pardonner en direct, ce qu’elle n’est a priori pas disposée à faire pour de multiples raisons expliquées au fur et à mesure d’un film qui ressemble à un thriller tortueux où les multiples personnages se percutent sans cesse avec des révélations et des rebondissements. Mais le centre du film, c’est Maryam interprétée par une Sadaf Asgari parfaite en tête à claques, à tel point que certains spectateurs se demandent s’il ne vaudrait pas mieux que son personnage soit pendu tellement elle enchaine les gaffes et les maladresses. Mais la loi de l’audimat et des sponsors est de son côté, fort heureusement pour elle. Certains se souviendront du film Live! avec Eva Mendès où des concurrents doivent jouer à la roulette russe en live. Aux Etats-Unis comme en Iran, quelque chose cloche dans la société…
Au final, le film interroge sur un procédé discutable et sur la place des médias sous couvert de religion dans un pays phagocyté par son élite religieuse. Le film n’est pas toujours très confortable à regarder, du fait d’une héroïne à contre-emploi, mais il est riche en enseignements ainsi qu’en questions ouvertes.
Synopsis: Iran, de nos jours. Maryam, 22 ans, tue accidentellement son mari Nasser, 65 ans. Elle est condamnée à mort. La seule personne qui puisse la sauver est Mona, la fille de Nasser. Il suffirait que Mona accepte de pardonner Maryam en direct devant des millions de spectateurs, lors d’une émission de téléréalité. En Iran cette émission existe, elle a inspiré cette fiction.