Les apparences sont parfois trompeuses car les éléments se bousculaient a priori pour me couper l’envie de voir ce film. Polar réalisé par un français avec le risque des écueils habituels au genre, Benjamin Biolay à l’affiche avec sa voix trainante dont on ne comprend jamais rien tant il se prive d’articuler, thème de l’adultère si cher à de trop nombreux films hexagonaux jusqu’à en éculer la thématique, rien ne me poussait a priori à tenter ma chance. Apparemment, bien m’en a pris car Les Apparences, est finalement une très bonne surprise, parvenant à s’élever au-dessus de la moyenne habituelle des films francophones de ce genre. L’exception à la règle, en somme.

Aimera ou aimera pas?

Le couple Karin Viard / Benjamin Biolay vit une existence confortable dans la capitale autrichienne. Transformant la première en bourgeoise constamment hautaine et prétentieuse que Karin Viard personnifie avec bonheur. Ses regards inquisiteurs, ses réparties méprisantes envers son entourage, elle est le grand bonheur du film. Et puis c’est une vraie comédienne, contrairement à son Benjamin Biolay de mari toujours en train de psalmodier, n’est pas acteur qui veut. Et puis là, le drame de la découverte, le mari chef d’orchestre renfermé et apparemment blasé renferme un être qui a besoin d’aimer, quitte à aller voir ailleurs. Son épouse tombe des nues et ses certitudes s’écroulent. Elle tente bien de sauver ces fameuses apparences du titre et elle agit comme elle sait si bien le faire dans sa vie de tous les jours, lâchement, en secret, sournoisement, décelant l’identité de la scélérate et lui faisant vivre un enfer. Le film ne s’arrête pas là et enchaine les péripéties et les coups de théâtre car un jeune freluquet tombe sous le charme de son ainée bourgeoise, jusqu’à la harceler, le spectateur est soigneusement tenu à l’écart de ses intentions véritables, épaississant encore un peu le mystère. Les Apparences a le bon gout de jouer avec elles, ces apparences devenues si importantes dans notre société au risque de transformer les opinions en jugements aussi hâtifs que définitifs. Karin Viard joue le jeu de l’arroseur arrosé avec une machination soigneusement échafaudée, mais aux conséquences finalement fâcheuses. Les Apparences est un film adapté du roman Trahie de Karin Altvegen, le plaçant naturellement au-dessus des scénario habituellement paresseux des polars français.

Alors si la dernière minute peut paraitre un tantinet longue, le plaisir est là, et la surprise, surtout pour ceux que le cinéma français insupporte quelques fois. L’adultère est rendu ici ludique et même dangereux, sans grandes disgressions philosophiques. Le polar est là, bien là, et c’est tant mieux.

Synopsis: Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu et… sa microscopique communauté française. Jeune couple en vue, Ève et Henri, parents d’un petit Malo, ont tout pour être heureux. Lui est le chef d’orchestre de l’Opéra, elle travaille à l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Henri succombe au charme de l’institutrice de leur fils.