Commençons ce retour sur quelques titres de la Berlinale avec Mutt, histoire d’un jeune homme trans pendant 24 heures mouvementées où ressurgiront ancien amour et petite sœur en fugue. La vibe film indépendant parvient à conférer un certain style urbain, profitant du décor toujours aussi cinégénique qu’est New York pour mieux capter une certaine énergie. L’accumulation de rencontres, déboires et autres violences verbales parvient à dessiner un beau portrait, porté par l’interprétation vibrante de Lio Mehiel, déjà récompensé (avec justesse) à Sundance pour son acting, portant un film déjà réussi encore plus loin par son jeu.
C’est également le casting qui confère à Delegation un certain cachet, suivant une bande d’adolescents israéliens en voyage scolaire à Auschwitz. Démarrant avec un esprit teen faussement léger, le film d’Asaf Saban part alors vers quelque chose de plus dramatique, la confrontation de cette jeunesse face aux événements tragiques de la seconde guerre mondiale instaurant une introspection et des réactions diverses. C’est ainsi quand il laisse exploser ses protagonistes que le long-métrage trouve ses plus beaux moments ainsi que sa tristesse induite.
The teacher’s lounge s’oriente de son côté vers une colère progressive, parvenant à transformer un établissement scolaire en étouffoir constant, microcosme où une accusation de vol va perturber le travail d’une prof arrivée il y a quelques mois seulement. Leonie Benesch est tout bonnement magistrale, tout comme la mise en scène d’Ilker Çatak, tout en resserrements subtils et insidieux. Logiquement récompensé du label Europa Cinemas en tant que meilleur film européen dans la section Panorama, ce film allemand mérite une excellente carrière par la force de conviction qui s’en dégage et nous marque encore après sa projection.
C’est également la conviction de Silver Haze qui rend le film de Sacha Polak aussi intéressant en abordant le quotidien d’une jeune femme toujours marquée par un incendie dont elle a été victime enfant. Inspirée par l’histoire vraie de son actrice principale, Vicky Knight, le long-métrage s’annonce comme une bombe qui n’explose finalement pas, telle une envie de crier qui reste coincée dans la gorge et meurtrit encore plus. Il en sort quelque chose de moins brutal qu’attendu pour une résolution au final assez douce.
Enfin, on revient en Belgique avec Zeevonk, drame sur le deuil où une jeune fille pense que la mort de son père en mer vient d’une créature marine gigantesque. On attend régulièrement la bascule sans que cela n’arrive totalement mais cela sert au final le récit d’une ado confrontée à la mort et ne sachant comment appréhender sa tristesse. L’allégorie est simple mais fonctionne, trouvant une approche touchant à un long-métrage intéressant par son écriture. De quoi renforcer l’idée que, derrière la sélection principale, tout festival dispose de belles pépites cinématographiques en devenir…