Grave est un film d’horreur français réalisé par Julia Ducourneau en 2016. On accompagne Justine, interprétée par la talentueuse Garance Marillier, qui fait ses premiers pas à la fac et qui va se découvrir certains penchants alimentaires (entre autres).

Un OVNI dans le paysage cinématographique français

La réalisatrice réussit un tour de maître en amenant un film d’épouvante-horreur français, genre cinématographique qui fonctionne au ralenti, jusqu’à Cannes, en sachant que le film est interdit aux – de 16 ans. Véritable carton avec plus de 150 000 entrées, le film a frappé fort. La réalisatrice insiste sur le caractère multi-faces de son film. A la fois un film inquiétant, un drame mais avec un discours sur les parents, l’école, la jeunesse, le sexe, la pression familiale et j’en oublie très certainement. Le tout donne un résultat très dense avec divers niveaux de compréhension. Pourquoi d’après moi, ce film est-il important ? Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un excellent film difficile à placer dans la simple case de « film d’horreur ». Il parle principalement aux jeunes sans laisser personne en dehors. Ensuite, parce que le succès de Grave permet d’accélérer et de valider la génération de réalisatrices qui arrive.

Q

Quelques chiffres

Entre 2008 et 2017 le nombre de films agréés réalisés par des femmes a augmenté de 68,7%. Donc, 24, 2% des films en 2017 ont été réalisé par des femmes. Autrement dit, il y a encore du chemin, mais les chiffres sont encourageants (contre 30,9% en Suède, Numéro 1 en Europe, tous les chiffres sont de la CNC). Ainsi, le succès et la qualité de Grave permettent à l’écart de continuer de diminuer. Je prends l’exemple de Grave, mais Polisse de Maïwenn ou dans un autre genre LOL de L. Azuelos permettent aussi cette démocratisation. Il reste de gros problèmes à gérer malgré tout. Le salaire est en moyenne 30% supérieur pour un homme en 2017 en France dans les métiers du cinéma, le budget alloué pour la réalisation d’un film qui est inférieur de 2 millions en moyenne pour les femmes ou encore le nombre de films réalisés par des femmes sélectionnés depuis 1946 (85 contre 1645). Une seule femme, Jane Campion pour La leçon de piano en 1993, a reçu la Palme d’or.

Et maintenant ?

Ainsi, un film de genre pour les jeunes, réalisé par une femme jeune , qui divise la critique. Ce film avait tout pour me le rendre sympathique. Outre le fait de l’aimer ou pas, ce film est important car il contribue à l’amélioration de la place de la femme dans le cinéma français et par extension, de la femme en général. En tout cas, sans dénigrer tous les hommes, ce n’est pas à Julia Ducourneau que l’on doit Aladdin ou A bras ouverts. Aussi, si je dois me mettre derrière une bannière, ce sera derrière celle que j’estime de qualité et dans mon cas, je me rapprocherais plus de J. Ducourneau ou R. Gavras que Phillipe de Chauveron. Même dans un milieu aussi sexiste que le cinéma, les choses changent et sont encourageantes sur plusieurs points. En partie grâce a des projets comme Grave qui prouvent que c’est possible de créer un film personnel de genre à succès. Les écoles de cinéma comptent 55 % de femmes (dernier chiffre promis) , je ne peux que les pousser à croire en elles et en leurs projets. D’ailleurs, Mira Nair a dit :  » Je ne peux faire des films que sur des sujets qui le prennent aux tripes et me font palpiter. Je suis une affreuse populiste, j’adore mettre des bombes sous les sièges ! « . Ce qui est proche de ma définition personnelle de l’art.

A bientôt

Gaby

Et vous ? Votre réalisatrice préférée?