Être drôle est tout un art. Dans une époque où les mauvaises nouvelles inondent les journaux, les humoristes créent un chemin différent, une échappatoire à une morne réalité. Mais comment vivent-ils en dehors de la scène ?
Ira est un apprenti humoriste qui rame un peu et tente de vivre de sa passion. Un jour, il se retrouve engagé par George Simmons, acteur de comédies hyper bankable. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ce denier a été diagnostiqué avec une maladie mortelle…
Judd Apatow est un nom reconnu dans le domaine de l’humour américain. Son succès vient de son ancrage dans une forme de réalisme avec un attachement sincère pour ses protagonistes. C’est l’une des choses qui frappe le plus dans Funny People : ce besoin d’être proche de ses héros et de leurs doutes. Deux faces d’un milieu plus difficile à atteindre qu’on ne le croit, Ira et George dégagent une vulnérabilité assez touchante qui confère au film une sensibilité assez unique dans un domaine assez archétypal. Cela vient peut-être de la manière dont Apatow replace certaines de ses expériences de vie dans le scénario.
S’attaquer frontalement à l’humour était casse-gueule au vu de la complexité du sujet. Alors que le débat du « peut-on rire de tout ? » est perpétuel, la comédie relève d’une subjectivité et d’une image assez péjorative dans certains milieux. Au final, Apatow ne s’attaque pas à une analyse du sujet mais à comment la comédie construit ses protagonistes et l’impact qu’elles ont dans une existence aux contours banals. Tout cela relève encore de cet ancrage dans un univers rattachable avec des personnes imparfaites auxquelles on peut se rattacher. Le titre annonce alors la couleur : Funny People, les personnes drôles, la manière dont on catégorise certains comme « Funny » telle leur caractéristique première.
Pourtant, le film n’est pas du genre à faire rire à gorge déployée. Ici, pas de punchlines marketables ou de grosses poilades faciles. Quant l’humour arrive, c’est avec un certain cynisme, presque en réaction avec la difficulté de la vie. On se moque d’un médecin qui annonce une mauvaise nouvelle ou d’un ami racontant le décès de son grand-père. La comédie devient alors remède des difficultés quotidiennes, un refuge rassurant dans lequel on peut se retrouver et relativiser. Quand un humoriste chante sa mort prochaine et que le public rit, il y a une amertume qui se dégage au vu de la situation du comédien, mais également à ce sacerdoce que devient son métier. Faire rire est un besoin, un engagement de vie ou de mort.
Funny People relève donc d’une vulnérabilité constante de l’être humain qui trouve en l’humour quelque chose de rassurant et d’essentiel. La vie n’étant pas toujours rose, les humoristes deviennent alors des peintres tentant de rappeler les couleurs de notre existence. Adam Sandler y trouve sans doute son meilleur rôle en symbole de clown triste qui cherche quand même à amuser son audience. Le rire devient alors un besoin primaire ainsi qu’un moyen de mieux apprécier les tracas de notre existence. Si l’on ne vit qu’une fois, alors profitons-en le sourire aux lèvres.