Interview LeKlown 

par Gabriel Mellet

G : Tout dʼabord , Je vais tʼinviter à te présenter. Qui es-tu ?

LK : Avant de parler de pourquoi « Le Klown « , pourquoi ce personnage là, il
faut savoir que jʼai commencé la musique à 10 ans par le piano, il y a une
quinzaine dʼannées. Jʼai donc des influences musicales qui nʼont rien à voir
avec la musique électronique parce que jʼétais dans une école de musique. Jʼai
donc touché à tout, du Jazz, Du hard rock (quand j’étais batteur), etc… Jʼétais vraiment dans lʼacoustique avant lʼélectronique. Jʼai donc évolué dans un milieu musical.
Au lycée, à lʼinternat je me suis intéressé au mix, on organisait des soirées , on
se retrouvait dans le hall du lycée devant 200 personnes.
Je voulais juste donner de lʼénergie aux gens, les faire danser et échanger avec
eux, au feeling et au culot.
Encore maintenant, mais je nʼavais pas du tout la même perception du milieu. A
ce moment là, jʼai aux alentours de 16 ans et je suis vers Angoulême.
Jʼarrive à 19 ans à Bordeaux après le Bac et je commence à mʼintéresser à la
trance en particulier . On me fait découvrir un club qui sʼappelle le Respublica.
Cette musique mʼa parlé très rapidement. On reviendra dessus après, et pourquoi ce style . J’ai commencé à travailler pour ce club, cʼétait de la techno, de la trance, de la hardcore, avec des artistes comme Captain Hook,
Dr peacock ou Amelie Lens, et je ne lance à ce moment là aucun personnage. De voir comment fonctionne le club, les soirées, mʼoccuper des artistes etc mʼa donné un avant gout du monde de la musique.

G : Quand tu dis sʼoccuper des artistes, dans quel sens ?

LK : Jʼallais les chercher à lʼaéroport, je les emmenaient au club, jʼallais au
restaurant avec eux, je les emmenaient à lʼhôtel en fin de soirée… Donc forcément
tu discutes , avec toujours quelques petites questions bien ciblées pour
évoluer, progresser comme la communication, la mise en avant. Avant ça, jʼétais dans une école de cinéma , du coup jʼétais toujours été intéressé par lʼimage, écrire des scénarios, que jʼai arrêté . Je sentais que cʼétait le bon choix et le bon moment. Le club dans lequel je bossais, le Réspublica a fermé et les gérants ont réouvert un autre club où jʼai bossé pendant 1 an . Cʼétait une petite équipe et on se devait dʼêtre
très polyvalent et ça mʼa inculqué une rigueur supplémentaire. Je bossais surtout aux lumières , des programmes de lumière, brancher les platines , jʼétais multi tâches et jʼai vraiment appris à gérer des choses qui m’ont aidé plus tard en tant quʼartiste, par rapport au matériel etc, en plus jʼavais les clés du club, donc je mʼenfermais le soir dans le club pour bosser tous les soirs jusquʼà pas dʼheure
pour savoir comment fonctionnent des CDJ ( matériel de production musicale ).

Jʼai donc arrêté ça pour lancer mon projet : Le Klown.
Je savais que je ne voulais pas forcément montrer mon visage pour différencier lʼapparence physique dʼune personne avec lʼémotion quʼil pouvait donner aux gens.
Cʼétait la bonne représentation du style de musique que je fais et en
même temps de ma personnalité. Alors, pourquoi la trance ?
Je trouvais que je pouvais avoir des intros ultra mélodieuses, et en
comparaison avoir des drops plus énervés et pleins dʼénergie . Cʼétait le
mélange du piano et son coté mélodieux, musique de films et les drops . Cʼest
aussi un style ouvert aux mélange de styles . Dans mes intros je peux
mettre du Reggae, de la Dub, comme de la musique classique. Jʼavais besoin
dʼun champ large et dʼune certaine liberté de composition . Et cʼest vrai que je mʼy retrouve bien. Cʼest donc ce qui mʼa plu.
Je commence donc à travailler le projet , avant de le sortir aux yeux de tout le
monde . Cʼétait mûrement réfléchi, en terme de communication ,de marketing.
Le personnage du clown peut autant se retrouver dans un cirque à faire rire des
enfants quʼêtre serial killer et jʼaimais bien ces 2 images là , qui sont à lʼimage
de ma musique. La comparaison entre quelque chose de très beau et quelque
chose de très brut. Le choix du masque sʼest porté sur ce personnage là.

G : En tout cas, je suis allé faire un Tour sur tes réseaux et jʼai lʼimpression que
tu fais très attention à ta communication , aux détails, à la cohérence de la
couleur les unes entre les autres .

LK : Effectivement, cʼest une vitrine. En 2020, cʼest important de montrer aux
gens notre manière dʼêtre, un code couleur et des choses qui sont chiantes à
travailler. Jʼaimerais faire de la musique tous les jours mais ça fait partie du
boulot aussi de communiquer et de me sentir proches de mes spectateurs. Cʼest
agréable, encourageant donc cʼest important dʼavoir quelque chose de soigné.
Je compte bien continuer de faire quelque chose de carré et de barré à la fois.

G : Je suis tombé sur ton clip « Akira « et jʼavais 2 questions . Cʼest une super
scène et je voulais savoir quelle était la scène en question ?
Et comme tu as fait des études de ciné, c’est toi derrière tes clips ?

LK : Pour répondre ta première question le club sʼappelle le Hangar Eiffel . 90 % du temps, les clips qui sortent sous « Le Klown », cʼest moi
qui fait le montage et jʼai aussi quelquʼun qui sʼappelle Atemos Film , cʼest un 2e
regard. Et cʼest aussi quelquʼun qui sʼoccupe des colorimétries , qui ajoute des effets . Il fait des finitions. Je lui donne toujours une ligne directrice avant,
même si tout nʼest pas écrit, afin de partir de quelque chose et avoir une
concordance.

G : Donc tu es bien entouré.

LK : Oui, je suis bien entouré, mais 70 % du travail derrière Le Klown cʼest
quand je suis tout seul chez moi à travailler dessus. Mais oui, jʼai une bonne
équipe qui me soutient depuis le début . Une personne à la vidéo, une personne
que jʼai connu quand je travaillais dans le club qui connait très bien le milieu ,
Broksart, qui sʼoccupe du côté graphisme, il fait toutes les pochettes de mes sons.

G : Très bien . Jʼai cru entendre une influence Tribe en écoutant certaines de
tes musiques, je me trompe peut être , avec des tambours, etc..

LK : Tribe je ne sais pas. En tout cas cʼest sûr quʼil y a un côté rythmique lié à la
batterie qui mʼimporte énormément. Je dirais plutôt orientale, moyen orient et
le côté « tambour chaleureux », percutant, efficace, rythmé. Cʼest quelque
chose quʼon retrouve dans beaucoup de mes morceaux.

G : Comment en es-tu arrivé à jouer pour la DreamNation pour lʼOpening le 18
septembre ?

LK : Ca sʼest fait de fil en aiguille en jouant au Hangar Eiffel ou tu as pu voir le
clip Akira. Jʼai fait quelques soirées Là bas durant lʼannée 2019 début 2020
avec des artistes de renom comme Blastoyz , Mandragora, Aura Vortex, il y en a eu plusieurs, cʼétait très formateur . La personne qui me bookait pour ces
soirées trance à Bordeaux tient une maison de disque ou jʼai signé Akira, OneFeel Music . Il sélectionnait les personnes en trance pour la DreamNation. Donc après avoir signé Akira, il mʼa proposé dʼy venir avec Graviity .

G : Jʼai vu que récemment, Nareku ( la chaine ) tʼa reposté ,ça tʼa donné un
petit boost de vues.

LK : Jʼai des mails lists pour les maisons de disque et les chaines youtube en
fonction des sons que je sors , et voila jʼenvoie une dizaine de mails. On
sʼentend bien, il bosse en Espagne, presque tous les sons dont je suis satisfait, je suis sûr quʼil les repostera.

G : Tu travailles sur quel logiciel ? Quels Plug in ?

LK : tu ne vois pas bien là mais je suis dans le studio et je produis ici. Le logiciel
que jʼutilise cʼest Logic Pro X . Cʼest comme Garage Band en version
professionnelle . Je ne compare pas les Software, lʼimportant est de trouver
quelque chose qui convienne au producteur . Sʼil est bon, il arrivera à faire un son. Essayez les versions gratuites quelques logiciels et vous verrez celui qui
vous convient le mieux. Moi ça a été lʼinterface . Les VST que jʼutilise le plus
( Virtual Studio Technology ) : Sérum, Sylenth One, Avengors de VPS et la banque ContaKt de Native Instruments ( que jʼutilise énormément pour le côté mélodie )
En général je commence par monter mon kick-bass ou la mélodie sur mon piano.
Jʼimprovise, et quand quelque chose me plait, jʼenregistre et je fais mes
arrangements et je construits tout à partir de ça. Je commence souvent par la
mélodie.

G : Jʼai vu que tu avais sorti Akira sous OneFeel Music. Tu as signé chez eux ?
Ou seulement Akira ?

LK : Non , je suis vraiment indépendant , jʼai sorti Akira chez eux et je compte
en sortir dʼautres, à côté jʼai signé Digital Human Frequencies sur WUTL
Records , cʼest un label au Brésil. Cʼétait un son sur la série Altered Carbon . Et
après demain je sors un son sur toutes les plates-formes de streaming sur le
même label, en tant que single. Jʼai aussi sorti un single sur un label en Grèce.
Je veux continuer à faire ça, dans dʼautres pays et toucher le plus de monde
possible.

G : Tu nʼas donc pas envie de trouver un label, même un qui correspond à tes
attentes musicales ?

LK: Pour lʼinstant je tiens à mon indépendance par rapport aux sons que je vais sortir. Mais cʼest une demi-indépendance parce que je signe les singles dans des maisons de disque, mais je nʼaime pas cette pression quʼon peut avoir quand on est signé, ou pas, ça dépend des labels ,mais en tant quʼartiste, je ne presse pas les choses, je suis productif. Ce sera dans un second temps. Je cherche à mʼaméliorer dans ma touche sonore . Le travail dʼabord , la
communication , lʼimage, cʼest un noyau, échanger, saisir les opportunités et
être là au bon moment.

G : Tu parlais dʼaméliorer ta touche musicale, tu as lʼimpression de te chercher encore un petit peu, dans ton style ?

LK : Je ne me cherche pas, mais je ne me suis pas complètement trouvé non
plus. Je sais ce que je veux faire, mais quand on produit de la musique et quʼon
touche un peu à tout, cʼest difficile de se trouver. Ca prendra des années .
Jʼaurais sûrement la même réponse dans 10 ans . Mais je ne suis pas à même de vouloir sortir des sons différents parce que jʼaime lʼouverture musicale.

G : Quelles sont tes inspirations , les artistes qui tʼont donné envie de faire de
la musique ? Tes réalisateurs comme tu t’intéresses au cinéma ?

LK : au niveau musical ce sera des personnes comme Aura Vortex, Omiki, Gonzi, Neelix, Ace Ventura . 5 noms qui regroupent dans différents styles lʼensemble des sonorités qui me plaisent . Il yʼa 2 styles dans la trance que je fais, celle un peu plus sombre, tournée vers le thriller ( pour faire une comparaison
cinématographique ) et le côté trance orientale, festival, dansant , avec des
percussions ethniques, des citares.
Je mʼinspire beaucoup de Hans Zimmer, Yann Tiersen ( Fabuleux Destin dʼAmélie
Poulain ) , Ludovico Einodi (Intouchables ) . Au niveau des films, Christopher
Nolan est quelquʼun qui mʼinspire. Inception mʼa touché dans sa construction , sa musique.
Ou Shining, des films dʼhorreur avec des tensions, des ambiances ou des thrillers,
sont des genres qui mʼinspirent beaucoup pour la musique. Faire monter le stress et faire danser les gens sont deux choses différentes, liées, mais
différentes.

G : Cʼest cette approche musicale du cinéma qui tʼa montré comment
transmettre des émotions avec ta musique?

LK : Il yʼa du bon dans tout ! Que ce soit le côté musical ou le côté technique, si
ça plait à beaucoup de gens, cʼest quʼil doit y avoir quelque chose . Il yʼa
toujours quelque chose de bon à prendre. Par rapport aux musiques de film , je pensais à Enio Morricone qui avait composé pas mal de Westerns, une tension est presente dans les Westerns, ça mʼinspire. Mais à force dʼécoute, je vais juger un peu plus durement maintenant , quand je vais aux soirées, je nʼai plus la même vision quʼen tant que spectateur. Je vais avoir tendance à demander une certaine rigueur dans ce que jʼentends ( ça ne mʼempêche pas de profiter de la fête malgré tout ! ) .

G : Je te propose de faire ton instant promo, si tu as des sorties de prévu ou
des projets.

LK : Le 31 juillet il y a Vanisa ,clubbing dansante , mexicaine à 180 BPM, cʼest
groovy, qui sort sur toutes les plateformes. Le 4 septembre, Indian Call sort , plutôt trance pour festival dansante avec des voix orientales, plus basique à 138 BPM .
On tourne un clip dans une église en ce moment qui sortira dans lʼannée. Il y a aussi une collaboration avec un film dʼhorreur qui sʼappelle The Collector. Et Je travaille sur une collaboration avec Aka prania , on travaille un 3e single tous les deux . Et jʼaimerais bien sortir un ou deux EP , un plus Musique à lʼimage trance dark et un vraiment orientale. Travailler ça pour lʼannée prochaine et la
DreamNation avec Graviity , des membres dʼHilight Tribe. Et commencer à
me déplacer à lʼinternational.
Cʼest la passion.

G : Merci dʼavoir répondu à nos questions pour Culturaddict !