C’est presque un coup de tonnerre sur Netflix : une série d’horreur française !
Que vaut donc Marianne, cette série parue le mois dernier ? On est en droit d’être inquiet vu la qualité des productions françaises récentes sur la plateforme (abominable Marseille, oubliable Family Business…)
Si la série n’est pas forcément révolutionnaire, elle mérite cependant qu’on s’y attarde.
Stephen King en herbe
Emilie Larsimon (Victoire Du Bois, impeccable) est une jeune auteure talentueuse. Elle a publié une série de romans d’horreur dans lesquels une dénommée Lizzie Lark affronte la terrible sorcière Marianne. Après avoir tué l’affreuse dans son dernier roman, Emilie va être confrontée à des phénomènes paranormaux. La mère de Caroline, son amie d’enfance, se prendrait-elle soudain pour Marianne ?
Et si la fiction qu’elle a créée de toute pièces s’immisçait dans le réel ?
La Dame en noir
La série démarre vite et fort et rappelle immédiatement quelques grands classiques, au premier plan L’Antre de la folie de par l’incursion de la fiction littéraire dans le monde réel. L’idée est franchement séduisante et le pilote est percutant.
La parfaitement inconnue Mireille Herbstmeyer campe une vieille dame possédée malsaine et imprévisible, c’est la principale révélation de cette série.
Le pilote distille rapidement une ambiance singulière, déplaisante et poisseuse, notamment à l’occasion d’une soirée en famille qui réussit à filer la trouille presque aussi bien qu’un film d’angoisse de Roman Polanski ou Nicolas Roeg.
Passé ce pilote, les débuts sont parfois poussifs et centrés sur la bande de potes d’Emilie, pas toujours bien interprétés (un mal chronique bien français). Heureusement, la série sait rebondir et va crescendo, pour nous offrir quelques authentiques moments de terreur. La tragédie sera même de passage à l’occasion d’un flash-back scolaire particulièrement sombre.
Marianne est une série intelligente et n’est pas dénuée d’humour, notamment par le biais d’un inspecteur de police fantasque interprété par l’excellent Alban Lenoir.
Des bas, mais surtout des hauts
La série n’échappe malheureusement pas à quelques facilités et se prend à son propre jeu en usant et abusant des jump-scares. Elle propose des références appuyées, jusqu’à l’indigestion (Stranger Things est notamment évoquée avec lourdeur) et frôle parfois la caricature.
Le climax est en demi-teinte, alternant entre la vie réelle d’Emilie et un voyage mental raté.
Il faudrait cependant être difficile pour bouder notre plaisir face à cette agréable production française qui, si elle n’a pas fait l’unanimité chez nous, semble très appréciée outre-Atlantique notamment par le maître Stephen King.
C’est parfois maladroit, pas toujours bien joué, mais c’est innovant, rafraîchissant et suffisamment percutant pour nous envoyer dans la figure quelques scènes mémorables.
Un 4/5 bien mérité, la suite est attendue au tournant.