Pink Floyd est connu pour ses atmosphères spatiales et planantes. La musique se fait vaporeuse, enveloppant les synapses dans un épais nuage de visions stroboscopiques. Garanti sans substances hallucinogènes (pour ma part). Qui n’a pas écouté l’album Dark Side of the Moon allongé sur son lit en faisant défiler le fil de son imagination en tous sens. Le cinéma s’est très vite entiché du groupe anglais avec quelques étapes marquantes. L’assurance d’obtenir des morceaux inoubliables a tôt fait de convaincre les plus aventureux de tenter l’expérience Pink Floyd. Je vais tenter de refaire l’histoire de cette histoire passionnante mais compliquée entre Pink Floyd et le cinéma.
1) Les débuts
Le début officiel du groupe peut être grosso modo situé en 1965. 4 amis de Cambridge se retrouvent pour échafauder une musique à nulle autre pareille. Le chanteur et guitariste Syd Barrett est la vraie âme du groupe dans sa première déclinaison, en gros jusqu’en 1968 et son éviction pour cause d’abus de drogues. Le groupe multiplie les performances scéniques mémorables dans des light shows qui révolutionnent la scène pop britannique. Le premier album The Piper at the Gates of Dawn accumule les comptines enfantines inspirées de Lewis Caroll et quelques morceaux plus ambitieux posent les jalons du futur groupe, notamment avec Interstellar Overdrive.
Les premiers clips paraissent, tels des mini-films avec des musiciens maladroitement mis en scène. Syd Barrett, Roger Waters, Nick Mason et Rick Wright ressemblent à des pantins désarticulés dans des court métrages sans vrai argument ni mise en scène. Nous sommes bien dans la préhistoire du vidéo clip comme le montre celui de See Emily Play.
Un film parait en 1967 Tonight let’s all make love in London retraçant l’odyssée psychédélique de la scène musicale londonienne. Pink Floyd y tient une place de choix.
1968, Syd Barrett est éjecté de son groupe par les 3 autres membres déconfits devant son incapacité à assurer les concerts. L’idée est invoquée un temps de faire cohabiter Syd avec le nouveau venu David Gilmour mais l’idée tourne court. Ici débute la seconde vie du groupe.
2) Le rock planant du Floyd
Dès le 2e album A Saucerful of secrets, l’ajout de la guitare de Gilmour dote le groupe d’une atmosphère différente, plus enveloppante. Spatiale. Dès 1969, le réalisateur Barbet Schroeder fait appel à Pink Floyd pour réaliser la musique de son film More. L’atmosphère planante est tout à fait en rapport avec le sujet, deux jeunes allemands partent à Ibiza pour réaliser des expériences à l’aide de substances psychotropes… la musique est au diapason du sujet.
Un deuxième film suivra en 1972 avec La Vallée / Obscured by cloues. Mais le temps est passé, la musique est moins amateur, le psychédélisme est fini, voici venu le temps de la gloire internationale qui ne tardera pas à s’abattre sur le groupe après la parution du monument Dark Side of The Moon.
Entre temps, Michelangelo Antonioni demande au groupe de participer à la bande originale de son seul film hollywoodien Zabriskie Point. Si l’expérience laissera un gout amer au groupe par suite du refus du réalisateur italien d’utiliser certains morceaux, il en reste d’une part des morceaux de bravoure comme l’utilisation d’un succédané de Careful with that axe Eugene dans la fameuse scène finale et surtout la composition de morceaux qui seront réutilisés plus tard. Comme cette Riot scène qui préfigure Us and them sur Dark Side.
Et puis comment ne pas évoquer le fameux concert Live at Pompéi filmé en 1972 dans les ruines de la cité antique engloutie sous une coulée de lave du Vésuve? C’est un véritable best of de la première époque du groupe. Saucerful of secrets, One of thèse days et surtout le sublimissime Echoes trouvent leurs plus belles déclinaisons dans ce film. Un concert devant un public absent seulement personnifié par l’équipe technique, c’est magique…
3) La gloire et le début de la fin
Si Dark Side of the Moon reste et restera un album marquant de l’histoire du rock, il fait surtout accéder les membres du groupe à une gloire toute proche de les engloutir. En accédant à des sommes d’argent monumentales, il perdent leur entrain et les liens entre les membres du groupe viennent à se disloquer. Roger Waters s’intronise général en chef, responsable de la définition des concepts, des paroles et des orientations du groupe. Wish You Were Here, Animals et surtout The Wall sont surtout et avant tout ses oeuvres.
Il faut la mise en image du concept album The Wall pour retrouver Pink Floyd au cinéma. Pour un film culte, mythique, inoubliable. Le héros Pink se construit un mur mental pour se protéger de son environnement toxique. Sa mère, sa femme, son manager, ses fans, les pressions du rock, les groupies… le film est un catalogue de chansons issues de l’album pour un résultat que les fans adorent à le regarder tous les jours.
Après The Wall, Pink Floyd splite, continuant par la volonté de David Gilmour, mais ce ne sera plus tout à fait la même chose… Des albums, des concerts, une aura, une réformation mythique lors du Live 8, et puis plus rien? Syd et Rick Wright ne sont plus là, ce n’est plus tout à fait la même chose.
4) Utilisation des chansons de Pink Floyd au cinéma
Choix personnel des meilleuers utilisations des morceaux de Pink Floyd au cinéma:
Shine on you cray diamond dans Crazy. Le héros a des très bons gouts musicaux, il faut bien le reconnaitre!
Les Infiltrés: on entend Comfortably numb, pas très bien. C’est plus pour l’ambiance que pour le ponceau lui même.
Les Berkman se séparent: Jesse Eisenberg interprète Hey You à la guitare, tout seul, simplement, magnifiquement.
On peut écouter Pink Floyd sans regarder forcément des films, mais quel plaisir d’entendre une de leurs chansons au détour d’une scène…