Le Privé

Le Privé

Robert Altman adapte les aventures de Philip Marlowe dans un film à l’ambiance furieusement seventies. Au volant d’un véhicule délicieusement anachronique, Elliot Gould prend la suite de Dick PowellHumphrey Bogart, Robert MontgomeryGeorge Montgomery et James Garner dans une enquête retorse qui ne délivrera le fin mot de l’enquête que dans les toutes dernières minutes. Rythme langoureux, chausses trappes et bons mots composent un film hypnotisant à la sauce Altman.

Le Privé

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Doubles sens et apparences

Les habitués du regretté réalisateur le savent bien. L’intrigue principale ne semble souvent qu’un prétexte à une étude de moeurs beaucoup plus large. Le détective célibataire vit dans un appartement excentré, avec son chat et des voisines très avantageuses et souvent dénudées. Le film met du temps à démarrer et pourtant le spectateur ne s’ennuie pas tant le réalisateur multiplie les apartés dans un rythme furieusement débonnaire. Il faut du temps pour démêler le bon grain de l’ivraie dans un film qui multiplie les personnages sans que l’on sache longtemps la raison de leurs apparitions. Tout se mettra en ordre à la toute fin pour une surprise qui, évidemment, ne décroche pas la mâchoire. Car c’est tout au long du film que les morceaux de bravoure se succèdent. Un ami qui part au Mexique, un écrivain retenu dans un centre psychiatrique, un gangster trop bavard pour être honnête, tous ont leur rôle à jouer dans une intrigue labyrinthique. Loin des standards actuels, le film s’étale dans une ambiance seventies du plus bel effet. Sans effets spéciaux ni artifices visuels. Les plans sont simples à l’extrême, le film est littéralement porté par ses acteurs, Elliot Gould en tête. Il attire à lui la caméra avec son éternelle cigarette au bec (oui, on fumait beaucoup en ces temps-là) et ses réflexions désabusées. A ses côtés, on reconnaitra Schwarzie dans une des ses premières apparitions et un Sterling Hayden barbu.

Le Privé

Le Privé

Un film noir fondateur

Après le visionnage du film, il est impossible de ne pas reconnaitre l’importance du Privé dans toute une époque de la télé américaine. Kojak, L’homme de fer ou Manix, le personnage toujours cool et imperturbable a influencé un nombre hallucinant de personnages. On reconnait évidemment l’influence première d’Humphrey Bogart, mais Eliott Gould prend brillamment la suite pour perpétuer l’attitude placide d’un personnage légendaire de la littérature américaine. Raymond Chandler avait initié les traits principaux du personnage, cette adaptation de Robert Altman fait parfaitement revivre l’ambiance. De là à penser qu’un réalisateur moderne pourrait se mettre à l’adaptation des aventures du personnage, il n’y a plus qu’à le souhaiter.

Le Privé n’a pas connu un succès éclatant à sa sortie. Le film est pourtant devenu un classique du cinéma américain grâce à son ambiance si particulière et son faux rythme. Un visionnage est possible, le film est tout à fait trouvable en VO sur la toile, il ne faut pas hésiter à se plonger dans une époque pas si oubliée que ça.