- DEMON
L’orage gronde dans mon cœur mais il n’est plus dompté par la peur. Avec la rage d’un tigre blanc, j’ai affronté ce tyran venu d’un autre temps.
Mais naïve, ingénue et squelettique, je n’ai pas vu se refermer sur moi, le piège d’une schizophrénie romantique. Encerclée comme Saturne l’est de ses anneaux, je le sens contaminer chacun de mes os.
Naufragée du sommeil, je nage en eaux troubles au fond desquelles mes rêves ne sont plus qu’épaves. Avec une hargne passionnelle, je me débats afin d’affranchir la folie dont mon cœur est l’esclave.
Il est la pensée noire de mes nuits blanches, le parfum de mes regrets et le vertige de mes silences. Un sourire sur le côté, il me tend sa main avec toute son élégance. Et je ne peux pas la refuser.
Espérant qu’on me lobotomise afin de me libérer de son emprise, je m’agrippe aux murs, pauvre folle, je ramasse mes débris dispersés sur le sol. Cette fièvre froide m’attrape de tous ses doigts et dévore ce qu’il reste de moi.
À titre posthume et à travers la brume, je cherche, encore, la magie noire capable de me délivrer de mon sort. Mais dans ce tourment blanc et sec, j’échoue comme un véritable joueur d’échecs.
Car mes jours sont si parsemés de cendres, que j’en oublie que le soleil se lève.
Parfois il s’éloigne pour contempler ce qu’il a détruit et m’accorde un court répit ; alors délicieusement il m’apaise, mais ne cesse de me brûler les veines. Et à chaque fois, malgré moi, je le chéris pour qu’il revienne.
Laurine Edeline Rinaldi
2.TYRAN
Tyran
Tu es l’empereur de cet enfer que tu as bâti autour de moi ; Jour après jour brique par brique,
Je cherche à le faire s’effondrer.
Mais il y a mille et une nuits où je rêve de toi. Et la journée, plus d’une pensée m’attrape par la gorge.
Alors tu redeviens éternellement le plus puissant de tous les tyrans.
J’ai pourtant passé nombreuses de mes insomnies, Dans le Léthé, à boire la tasse.
Pour ne plus suffoquer de toi ; pour finalement t’oublier.
Mais j’ai mon mal en patience et ton souvenir sait comment rester à la surface.
Tout ce que nous avons vécu m’a vaincue.
Avant toi, j’ai enduré les feux et les tempêtes de cataclysmes romantiques bien plus effrayants.
J’ai supporté de tout leur poids, les supplices et les tourments de mes tendres léviathans.
Et puis, tu as mis tout mon monde à genoux.
Et il ne s’est toujours pas relevé depuis.
Alors peut-être bien que mon Apocalypse,
ce sera toi.
Laurine Edeline Rinaldi