Critique : Se perpétuant avec intérêt à travers les années, la figure lycanthrope se révèle passionnante dans ce qu’elle permet d’approcher une frustration masculine avec un fantastique révélateur. Il suffit de jeter un œil sur les « Wolfman » de George Waggner et Joe Johnston, sans doute parmi les titres les plus populaires dans le sous-genre, pour constater cet aspect thématique. Par sa manière d’approcher le corps masculin, Leigh Whannell semblait alors le choix le plus pertinent pour réadapter sur grand écran le fameux Loup-Garou d’Universal dans une version modernisée. Le résultat n’est malheureusement pas à la hauteur des attentes malgré d’indéniables bons points.

L’ouverture du film s’avère sans doute le plus significatif de cette approche, le réalisateur gérant une nouvelle fois son horreur par la difficulté de voir la menace, à l’instar de ses films précédents. Le drame qui s’installe a également son intérêt, bien porté par son trio d’acteurs principaux. Malheureusement, le récit prend un plomb certain dans son rythme, ralentissant ses enjeux sans réellement faire respirer son atmosphère. L’approche clinique de la transformation ne manque pas d’intérêt mais crée une insatisfaction dans la révélation de ses créatures, le design étant au final perfectible. Les quelques idées de mise en scène amenant la séparation progressive du couple fonctionnent bien mais se dévoilent peu dans la direction visuelle moyenne d’un long-métrage au traitement nocturne ne pouvant clairement pas plaire à tout le monde. On conseillera ainsi aux personnes regardant le film pour la première fois de ne pas le faire dans une pièce trop éclairée, certaines images étant déjà trop sombres au cinéma et l’étant encore dans son domicile.

(from left) Charlotte (Julia Garner) and Ginger (Matilda Firth) in Wolf Man, directed by Leigh Whannell.

Voilà donc de quoi nous laisser un petit goût amer tant le revisionnage de ce « Wolfman » accentue les points négatifs que l’on ressentait déjà au cinéma. Les idées ne manquent pas dans cette relecture du loup-garou mais cela ne parvient pas à compenser une narration qui se perd sans réellement faire respirer ses protagonistes. L’approche, passionnante sur le papier, donne un long-métrage déceptif mais n’ayant que peu d’arguments à faire valoir pour compenser cette intention. On se plaira donc à apprécier quelques jolis plans et une direction intrigante tout en regrettant que ce « Wolfman » ne soit jamais à la hauteur de ses promesses.

Résumé : Christopher Abbott (Pauvres Créatures) incarne Blake, père de famille de San Francisco, qui hérite de sa maison d’enfance dans un coin reculé de l’Oregon après la disparition de son père, présumé mort. Alors que son mariage avec Charlotte (Julia Garner) bat de l’aile, Blake persuade son influente épouse de quitter la ville quelque temps afin de visiter la propriété avec leur jeune fille, Ginger.