Critique : Revenir dans la ville de son enfance peut autant s’avérer un moment de mélancolie que de douleurs, le temps passé pouvant réveiller des blessures enfouies. Voilà tout le sujet de cet « Arrête avec tes mensonges », suivant un romancier qui rencontre le fils de son premier amour. Il faut bien admettre que la confrontation qui s’en suit apporte une base narrative forte, surtout au vu des allers et venues temporels traitant d’une homophobie intégrée, imposant des amours discrètes et dissimulées aux yeux de tout le monde.

La quête de pudeur passe par l’interprétation de Guillaume de Tonquédec, toute en retenue et en quête d’intériorisation de ses blessures émotionnelles. L’acteur s’est souvent révélé très bon quand il joue sur une forme de recul et il le fait ici de façon touchante. Alors que le film est sur la bascule d’un certain pathos sentimental, c’est bien ce jeu qui ne sait contenir les fantômes de son passé qui constitue la plus belle réussite du long-métrage. L’aspect mélodramatique, en revanche, joue par moments contre les intentions du film, notamment sur son traitement d’un passé vu comme honteux et de l’obligation de s’y confronter. Néanmoins, il faut bien admettre que l’on sort assez ému, l’universalité de l’amour de jeunesse perdu à tout jamais se couplant bien à ses enjeux sur les apparences et l’impossibilité pour certaines personnes de s’aimer au regard des autres.

« Arrête avec tes mensonges » réussit alors dans ses moments les plus sobres à insérer la dose d’émotion attendue, bien aidé par la prestation de qualité de son acteur principal. Guillaume de Tonquédec apporte un recul nécessaire pour mieux traiter ce regard parasité par les douleurs d’antan. C’est là que point une touche sentimentale forte et prenante, tel un regret auquel on ne pourra peut-être jamais échapper…

Résumé : Le romancier Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire… Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient 17 ans.