Aguiché par une bande annonce hyper rythmée et la présence du grand Song Kang-Ho en tête d’affiche (Parasite, Memories of murder, Snowpiercer), je n’ai pas hésité à aller voir ce bel hommage au cinéma. Car ce que raconte le film est souvent largement oublié. Derrière l’aboutissement d’un film finalisé et visible sur les écrans, il y a un long processus créatif, des errements, des choix, des sacrifices. Ca tourne à Séoul raconte 2 jours de tournage tout en speed et en folie, pour un visionnage qui donne le tournis.

Un film dans le film

Le principal protagoniste du film, Kim, est un réalisateur sur le point de finaliser ce qu’il considère comme son chef d’œuvre ultime. Pour cela, il décide de retourner des scènes qu’il estime cruciales. Il doit donc, pêle mêle, rappeler des acteurs et actrices engagés sur d’autres projets, faire fi de la censure qui a refusé son film, convaincre des producteurs réticents à remettre la main au portefeuille, ménager les egos et ne pas se laisser submerger par la folie qui s’empare du tournage. Véritable mise en abime du cinéma, Ca tourne à Séoul narre les péripéties d’un tournage qui chavire sans jamais couler. Les images de tournage en couleur se mélangent aux scènes du film en noir et blanc pour un maëlstrom qui donne le tournis. S’il n’est pas toujours facile de suivre le bazar d’un film en train de se faire, le spectateur aime à sentir que le film est constamment sur le point d’échapper à son créateur sans jamais pourtant que ce dernier ne cesse d’y croire. Son obstination est contagieuse, tout le monde s’implique et même les plus réticents finissent par se laisser convaincre par le fou illuminé à la barre de ce projet foutraque.

Si la durée du film (2h13!!!) n’est pas des plus faciles pour trouver un créneau dans son emploi du temps, l’expérience en vaut la chandelle et rend un bel hommage à tous ces réalisateurs que rien ni personne ne peut arrêter sur le chemin de la création.

Synopsis:
Séoul, 1970 : le réalisateur Kim souhaite refaire la fin de son film « Cobweb ». Mais les autorités de censure, les plaintes des acteurs et des producteurs ne cessent d’interférer, et un grand désordre s’installe sur le tournage. Kim doit donc surmonter ce chaos, pour achever ce qu’il pense être son chef-d’œuvre ultime…