Bernadette est évidemment Bernadette Chirac, épouse de feu le double président de la République Jacques Chirac, épouse d’abord mal aimée de l’opinion, bafouée maintes et maintes fois par son mari mais devenu une icône pour beaucoup et toujours restée fière comme un I. Le film imagine le basculement avec certes de l’humour mais offre surtout un truculent panorama politique où personne n’est épargné, ni Alain Juppé, ni Dominique de Villepin, ni Nicolas Sarkozy. Les socialistes sont bizarrement absents à l’image, on aperçoit Jean-Marie Le Pen, le film n’est pas à charge mais se sert du petit théâtre de la vie politique pour étayer son propos. La tortue (surnom de Bernie) était dotée d’une belle acuité politique et son mari aurait apparemment du beaucoup plus l’écouter pour éviter par exemple une dissolution hasardeuse. Thèse savoureuse pour cette fiction qui touche au but.

Méfiez vous de l’eau qui dort

Premier sentiment à la sortie du film, Bernadette est un film immensément drôle. Catherine Deneuve se fond dans le personnage, les situations sont recherchées, les saillies abondent, le film ne fait pas dans la facilité avec plusieurs niveaux de lecture qui font plaisir. SI les acteurs miment parfaitement leurs personnages historiques (excellent Michel Vuillermoz en Jacques Chirac, savoureux Laurent Stocker en Nicolas Sarkozy), le comique joue surtout sur les situations et les différents niveaux de lecture. Quelque peu laissée de côté par son mari volage et inflexible,
Bernadette Chirac, née Chodron de Courcel se révèle un animal politique tout aussi féroce et inflexible. Après un début de film où elle reste timide et silencieuse, elle remet petit à petit tout le monde à sa place dans des scènes détonantes, se vengeant par exemple du chauffeur complice des exactions maritales de son mari dans une scène des plus comiques. La réalisatrice appuie également sur des ressorts comiques plus subtiles qu’à l’habitude avec une scène de spleen où Bernadette médite un peu comme un personnage sorti d’une toile de Michel Ange, où avec cette chorale gospel qui appuie la narration en chantant les évènements du film à la sauce décalée. Les acteurs se fondent dans leurs personnages tout du long pour appuyer sur l’idée de revanche de la tortue contre des hommes méprisants, le film se transforme ainsi en manifeste féministe assez piquant.

Si le scénario colle à la vraie histoire, il se joue tout en subtilité, pas de gros sabots, pour un focus admirable sur les mœurs de la vie politique. Les hommes prennent cher…

Synopsis:
Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.