Disons le tout de suite: The Climb n’est pas forcément un feel good movie comme le cinéma américain en sort régulièrement. C’est plutôt un film du cinéma américain indépendant, si doué pour proposer des longs métrages acides, doux-amers, judicieusement mis en scène et aux longs plans séquences incroyables pour chacun de ses épisodes. Deux amis voient leurs parcours s’entrecroiser, l’un vit une vie de rêve pendant que l’autre s’enfonce, et alternativement. Avec ses clichés sur le cinéma français et la musique francophone qui font le sel de ce cinéma indépendant plein de charme. Le spectateur est éberlué, il rit, il s’étonne, tout cela pendant 1h38 d’extase filmique, rien que ça.

Une fable moderne plein de piquant

The Climb n’est pas un film forcément léger, les deux amis se font des coups tordus et personne n’aimerait vraiment avoir un Kyle ou un Mike parmi ses amis. Mais ces deux-là sont irrémédiablement et inexplicablement liés pour la vie. Le film débute alors que Kyle est au top et Mike au fond du gouffre. Le second va se marier mais il est bedonnant, pas en forme et plutôt dans les nuages. Le premier vole sur son vélo tout en long d’une tortueuse ascension qu’il avale goulument pendant que son ami peine. La scène est longue, un plan séquence d’au moins 15 minutes avec des péripéties et des révélations comme il va s’en succéder tout au long d’un film qui épate. Car le spectateur a le temps de voir l’envers du décor, ce que tout le monde (famille, amis, connaissances, quidams) dit sur le duo star, en bien et surtout en mal. Le miroir des apparences est cassé par ce procédé ingénieux de renversements constant des perspectives, les deux amis sont souvent dupes et ils se rendent compte, en même temps que les spectateurs, que leurs certitudes sont faites en carton. Le film suit leurs deux existences tortueuses pour une véritable expérience de cinéma. La bande originale alterne entre tubes US indépendants et sérénades francophones, Kyle se rend par exemple à une rétrospective de films français et tombe sur L’homme qui aimait les femmes de Truffaut, c’est typique du cinéma indépendant américain, cette révérence constante à la culture française, ça fait plaisir et ça participe à la profondeur du film. De la balade initiale à vélo qui donne son nom au film, laissant penser que cette fameuse ascension est avant tout métaphorique, jusqu’à la scène finale, en passant par cette surréaliste scène de mariage ou ce jeu à boire inimitable, il est facile de penser que ce film pourrait bien devenir culte.

The Climb est tellement bien tourné, tellement tordu, tellement irrésistible que plusieurs visionnages semblent nécessaires pour en capter tous les détails et toute la finesse, rien que ça. C’est un 5/5 du cœur tant la séance accumule les surprises inattendues pour un tsunami de rires et d’émotion. Le film de l’été, sans aucun doute.

Synopsis:
Kyle et Mike sont deux meilleurs amis aux tempéraments très différents mais dont l’amitié a toujours résisté aux épreuves de la vie. Jusqu’au jour où Mike couche avec la fiancée de Kyle… Alors que l’amitié qui les lie aurait dû être irrémédiablement rompue, un événement dramatique va les réunir à nouveau.