Voilà une critique délicate à écrire. Dire que cet album était attendu par des millions de fans à travers le globe relèverait de l’euphémisme. Est-ce que cet album comble la longue attente de 13 ans des fans ? Réponse en fin d’article.

Le groupe nous a habitué aux coups de maître par le passé, chaque album nous offrant des voyages musicaux hors normes, des harmonies riches et complexes, faisant d’eux les maîtres incontestés du Metal Progressif. En partant dans cette optique, la 1ère écoute de l’album a de quoi déconcerter, tant ce dernier semble bien plus abordable que ses prédécesseurs. Est-ce que cela signifie pour autant qu’il a moins d’intérêt que les autres ? Rien n’est moins sur. Si en apparence, l’album est conçu de manière très linéaire et se laisse facilement écouter, y compris pour les personnes non adeptes du groupe, il y a toujours quelque chose de plus à trouver aux morceaux, un détail, un motif, des notes, des rythmiques qui font la marque du groupe.

Ici, étonnamment, ce n’est pas Maynard James Keenan qui porte le groupe sur ses épaules, son chant étant beaucoup plus épuré qu’à l’accoutumée. Reste une voix toujours aussi imposante, même avec une nuance plus douce. Cet album est celui des instrumentistes. Si la basse de Justin Chancellor est légèrement en retrait, ce n’est que pour mieux enrichir les harmonies, simples mais belles, en nous proposant des lignes mélodiques et rythmiques en symbiose parfaite avec la musique. Ici, ce qui frappera à la 1ère écoute et se confirmera par la suite, ce sont la guitare d’Adam Jones et la batterie de Danny Carey, d’une technique remarquable. Ce qui fait le lien avec les albums précédents, c’est justement ces passages typiquement progressifs, avec des breaks où on ne les attends pas, et des rythmes irréguliers qui font tout le charme du groupe.

Sur la longueur, on peut éprouver peut-être un léger ennui, quant à la construction des morceaux, qui se révèlent toujours plus progressifs, ce qui sous entends des moments de calme parfois déconcertants, peut-être trop nombreux au goût de certains, comme sur le morceau éponyme Fear Inoculum. De ce fait, l’expérience de l’édition deluxe, après la découverte de la version physique, ne semble pas nécessaire à la 1ère écoute, ces pistes bonus étant conçues comme des transitions qui, il faut dire ce qui, sonnent bizarrement au départ. Comme si, au final, elles n’étaient là que pour rajouter des minutes supplémentaires, sans réel intérêt harmonique. Mais après plusieurs écoutes, on se rend compte que ces morceaux font partie itinérante de la conception de l’album, nous offrant une dimension d’écoute supplémentaire que l’on ne connaissait pas chez TOOL. L’exemple avec ce morceau ci-dessous, « Litanie contre la peur ».

Au final, qu’est-ce qui fait la réussite de cet opus ? Si la bande à Maynard semble s’être assagi avec les années, il n’en reste pas moins des morceaux parfaitement exécutés, chacun ayant leur identité propre, tout en étant des pièces d’un puzzle se liant parfaitement entre elles. Cet album divisera, car il est clair que cet opus est une évolution du groupe. Une évolution vers quoi ? Une musique différente que celle que l’on connaît. Une musique peut-être moins transcendante au goût de certains, quelque chose plus abouti mais qui ne touchera pas forcément le cœur des auditeurs. Et d’autres personnes seront conquises, frissonneront de ces morceaux, trembleront de plaisirs devant certains solos de batterie (comme sur les 2 derniers morceaux de l’édition physique, « Chocolate Chip Trip » et « 7empest »), le mélange du vieux son et du nouveau son de Tool.

Pour conclure, je me place donc dans la dernière catégorie citée. Mon avis est bien évidemment totalement subjectif, mais les écoutes successives me font aimer l’album peut-être plus qu’il ne le faudrait. Cet album marque un tournant chez le groupe, et si l’on perd de vue le TOOL que l’on connaît, le groupe a encore des perles musicales à nous offrir, et se tourne vers l’avenir. Un avenir peut-être incertain, mais en tout cas, un avenir que j’espère radieux. Je n’ai pas forcément pour habitude de féliciter certaines évolutions de groupe (comme MUSE ou DEEP PURPLE par exemple), mais je fais ici une exception. Merci d’avoir évolué et de nous avoir fait ce disque.

Note : 5/5.

Merci de m’avoir lu, merci à Sony Music pour le stream de l’album, merci à Adeline pour m’avoir permis cet accès !

Si vous voulez écouter l’album d’une seule traite, c’est juste en-dessous. A très vite pour de nouvelles aventures !

Musicalement,

Alan