Alors que le biopic de la regrettée Amy Winehouse sort sur les écrans, une éternelle question ressurgit. Est-ce bien nécessaire de faire un film sur un(e) artist(e) décédé(e), est-ce un hommage ou une manière de se faire de la thune sur son dos à peu de frais? Le cinéma ressort-il gagnant de cette manie de répliquer le réel au lieu de tenter l’inédit avec des histoires originales? Les avis divergent.

Le biopic, un genre de film clivant

Le Figaro y va franco. Selon eux, les biopics musicaux font le bonheur des maisons de disques, pas des cinéphiles. Les films ne sont pas d’un intérêt incroyable au-delà que d’entendre la musique de l’artiste et de revivre un instant de nostalgie, voire de fredonner les paroles à cœur ouvert. La scène du concert au Live Aid dans Bohemian Rhapsody, est-ce un grand moment d’émotion ou de la forfaiture? En grand fan de Queen, j’avoue avoir fait couler une petite larme pendant cette scène, parce que la scène copie plan par plan les 20 minutes de la prestation de Freddie Mercury et que je l’ai regardé 500 fois sur youtube, rien de vraiment cinématographique, pure nostalgie, pure madeleine de Proust. N’est ce pas ici le nœud de l’affaire? Les producteurs parient sur l’implication émotionnelle des spectateurs et ne réfléchissent pas bien longtemps sur la qualité finale du film, les sentiments prennent le pas sur l’exactitude historique et le bon enchainement des évènements. Ainsi, Bohemian Rhapsody le fameux, est rempli d’erreurs et d’incohérences historiques, des assez grosses d’ailleurs, certains hurleront de rage, d’autres penseront « so what? ». La question ne se pose qu’en fonction du ressenti personnel. Personnellement, le visionnage de Control au cinéma ou du Elvis de Baz Luhrmanne n’a parlé qu’à mes sentiments profonds envers les artistes. Ian Curtis qui écrit les paroles de She’s lost control sur une feuille de papier, ou Elvis qui interprète If I can dream, c’est des nouveaux souvenirs qui vont se graver au lance flamme dans l’esprit. Et comme le noir et blanc du premier et le montage bien particulier du deuxième sont particulièrement bien réussis, cinéphilie et nostalgie forment un alliage indestructible pour le plus grand bonheur du fan transi. Oui, certains biopics touchent à l’universel, mais je ne peux que l’imaginer car les 2 références citées sont très émotionnelles en ce qui me concerne. Alors l’avalanche de biopics est-elle un mal ou un bien?

Le biopic, une impasse?

Rocketman, Walk the line (avec son pendant comique Walk hard), Get on up, Amy, Ray, Cloclo, 8 mile, même Eden ou Gainsbourg Vie héroïque mélangent musique et histoire, de quoi faire revivre des œuvres et des existences. Question de gout, finalement. L’imagination n’est pas de mise, c’est une revisite quasi historique, avec ses hauts et ses bas, ses coups de chance et ses coups de bambou, l’amour, la haine. Finalement un amas de sentiments, non pas sortis de l’imagination mais reflets de récits authentiques. Certains films de guerre suivent une logique similaire, faire ressurgir des évènements historiques, l’ajout d’effets spéciaux est parfois superfétatoire, l’authenticité est de mise. Forcément, les films de sci fi ne connaissant pas ce problème, l’imagination est reine. Les histoires d’amour dépendent là aussi du rapport à la réalité historique. Donc un biopic permet de revivre un évènement ou de croire qu’on le revit alors qu’on n’était pas encore né, comme pour s’approprier un souvenir qui nous échappe. De quoi échapper au réel et se fondre soi-même dans un imaginaire lié à l’artiste. Love & Mercy imagine 2 étapes de la vie de Brian Wilson, le génial compositeur des Beach Boys, Velvet Goldmine imagine la vie de David Bowie sans David Bowie (la faute à un no go catégorique du chanteur compositeur pour l’utilisation de ses chansons), Barbara raconte la vie de la chanteuse sous un angle imaginaire très poussé, pas de revisite littérale et historique, les réalisateurs s’approprient les récits authentiques pour en livrer une version retravaillée, peut être le grand intérêt d’un biopic musical, du vrai mais pas du littéral.

Bref, je cite des films en espérant que ces références vous donnent envie de les voir, tout simplement. Parce qu’un biopic n’est pas qu’une impasse, il peut y avoir une vraie pâte de la part du réalisateur et du scénariste, alors allez y, tentez l’expérience!

Synopsis: Back to Black retrace la vie et la musique d’Amy Winehouse, à travers la création de l’un des albums les plus iconiques de notre temps, inspiré par son histoire d’amour passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil.