*Attention, spoilers * : cette explication se fonde sur la fin du jeu. Si vous n’y avez pas joué, foncez le faire, il ne dure que 30 minutes et est gratuit sur Steam. Petite précision néanmoins, le jeu est uniquement en anglais. Il reste cependant très simple à comprendre, donc les non-anglophones, n’ayez crainte, vous pourrez quand même y jouer.

 

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Que pouvait-on attendre d’un jeu de drague textuel aux aspects retro qui semblait de prime abord tout miser sur la nostalgie du joueur ? Emily Is Away a une répondu pour nous : bien plus que ce que l’on pouvait s’imaginer. D’ailleurs, qualifier Emily is Away de jeu de drague comme je l’ai fait juste au-dessus est une erreur, une apparence que le jeu nous fait croire jusqu’à la fin, mais nous y reviendrons.

 

Un jeu vidéo ? Ou plus que cela ?

 

Dans Emily Is Away, vous incarnez un jeu lycéen, dont Emily est une amie très proche. Tous les deux fraîchement diplômés, vos chemins vont se séparer, chacun menant ses propres études. Seulement voilà : vous êtes amoureux d’Emily, et elle ne le sait pas. Vous allez donc lui parler par MSN (le vrai) durant cinq ans, et tenter de sortir avec elle. Du moins, c’est ce que le jeu veut vous laisser croire : il n’y a AUCUN moyen de sortir avec Emily. C’est pourquoi appeler ce jeu « simulateur de drague » serait une erreur, étant donné que le but même du jeu ne pourrait pas être accompli. Pourquoi un choix de fin aussi étrange me direz-vous ? Tout simplement parce que ce n’est pas un jeu de drague, ni même un jeu tout court. Emily Is Away est une réflexion sur la vie, l’amitié et l’amour.

 

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Le choix, mais pas vraiment

 

Une fois arrivé à la fin, en 2006, vous vous rendez compte que votre personnage veut poser des questions sur Emily à propos de leur amitié et de leur amour potentiel (et même concrétisé quelques années auparavant). Seulement, si vous sélectionnez ces questions, vous vous découragez et lui demandez ce qu’elle fait ou quelles sont les musiques qu’elle écoute en ce moment. Bien entendu le joueur ne peut pas influencer ces décisions et finit par être contraint de lui dire au revoir une bonne fois pour toute, les 3 choix de réponses possibles étant les mêmes. Et c’est là que le jeu révèle ses réflexions : l’amitié peut-elle durer aussi longtemps ? La distance et les épreuves sont-elles un frein à l’amitié et à l’amour ? Est-il dangereux de risquer une amitié pour l’amour ? A-t-on toujours le courage de décrire ses sentiments ? Autant de questions que le jeu soulève et qui parleront au joueur qui a souvent éprouvé les situations décrites dans le jeu. L’habillage du jeu, avec Windows XP, MSN et toutes les références musicales et filmiques, est également un moyen subtil d’accentuer les sensations éprouvées, puisque cela transporte le joueur dans ses jeunes années durant lesquelles il a pu vivre ces moments.

 

Mais la question principale reste celle de l’influence des choix sur notre vie. Peut-on réellement changer quelque chose à notre vie par nos choix ? L’intelligence du jeu est de nous faire croire que oui en affichant « Emily s’en souviendra » ou « vous avez choisi de … » ce qui permet au joueur de faire ce qu’il pense le mieux pour son couple potentiel, alors qu’en réalité, ces choix n’ont aucune incidence sur le long terme. Finalement, tout est devant nos yeux depuis le début : nos choix ne serviront jamais à rien puisque « Emily est partie ». Bien sûr, cela fait référence à la phrase affiché par MSN lorsqu’elle se déconnecte, mais également au fait qu’elle est déjà loin, autant physiquement que sentimentalement, et que rien ne pourra la faire revenir …

 

Emily Is Away est donc une œuvre bien plus complexe qu’elle ne le laisse penser. En une demi-heure, Kyle Seeley, unique développeur et éditeur du jeu, réussit à brasser avec intelligence la question de l’amour et des choix dans la vie. On ressort de ce jeu bouleversé, se posant des questions sur l’amitié et l’amour. Beaucoup de personnes n’ont pas compris cela et ont pris ce jeu pour un bête jeu de drague. Grave erreur, car ils ont manqué la meilleure partie du jeu : celle où l’on le quitte et où l’on pense à sa propre histoire.