Critique : Les relations amoureuses et leurs sinuosités ne peuvent que continuer à fasciner, notamment dans les résonnances intimes qu’il s’y développe. Le film de Claire Simon s’avère alors intéressant, dans sa volonté de reprendre le contenu de l’entretien entre Yann Andréa et Michèle Manceaux par rapport à la relation du premier avec Marguerite Duras. En ce sens, l’usage constant de longs plans-séquences pour mieux capter le naturel et surtout la véracité du dialogue qui se construit entre nos deux protagonistes aurait pu relever de l’ostentatoire. Au contraire, il s’y développe quelque chose de vibrant, bien aidé par le talent de Swann Arlaud et Emmanuelle Devos.
Cette passion et tout l’étouffement qui s’y développe se retrouvent donc au cœur du long-métrage, avec une tristesse de la personne qui perd de soi dans son amour pour un autre destructeur. Claire Simon maintient cet angle émotionnel tout du long, rendant la sensation de plonger dans le regard de Yann Andréa plus prégnante encore. Comme ses mots qui guident l’entretien, c’est sa parole qui nous dirige tout du long, avec un aspect introspectif particulièrement fort. La nature confessionnelle du propos irradie d’une sentimentalité qui happe au plus profond de soi. Tout se mélange, souvenirs, témoignages et images d’archives, dans une valse des émotions où l’on se noie profondément.
D’une force émotionnelle vibrante, « Vous ne désirez que moi » invoque les fantômes de nos propres amours meurtris par sa proximité naturaliste et poétique. Comme à chaque fois, Swann Arlaud se révèle magnifique de tragique et irradie l’écran par le seul pouvoir de ses yeux. Que ce dialogue continu au format proche du théâtral parvienne à captiver par la réalité de ses sentiments provoque une émotion forte et sincère comme l’amour a constamment su révéler depuis la nuit des temps. Que les cœurs encore blessés se rassurent donc : « Vous ne désirez que moi » bouleverse mais avec une grande justesse…
Synopsis : Compagnon de Marguerite Duras depuis deux ans, Yann Andréa éprouve le besoin de parler : sa relation passionnelle avec l’écrivaine ne lui laisse plus aucune liberté, il doit mettre les mots sur ce qui l’enchante et le torture. Il demande à une amie journaliste de l’interviewer pour y voir plus clair. Il va décrire, avec lucidité et sincérité, la complexité de son histoire, leur amour et les injonctions auxquelles il est soumis, celles que les femmes endurent depuis des millénaires…