S’il est régulièrement cité avec son fameux Heat, Michael Mann est un réalisateur encore sous-estimé, bien que valorisé par certains cinéphiles. Revenons aujourd’hui sur son fameux Collatéral.

Max est chauffeur de taxi la nuit dans Los Angeles. Une nuit, il embarque Vincent, un homme qui lui demande de le conduire dans différentes parties de la ville la même soirée. Max apprend alors que Vincent est tueur à gages…

Visions Nocturnes

Michael Mann a toujours su créer dans ses films une forme d’imagerie proche du fantastique en l’ancrant néanmoins dans un fort réalisme. Ainsi, une scène en hors-bord dans Miami Vice se voyait magnifiée en vision de romantisme quasi hors norme, grâce notamment à ses expérimentations avec les caméras numériques. C’est la même chose ici : au gré des lumières de Los Angeles, il provoque progressivement une métamorphose de son thriller en un résultat plus horrifique. Vincent devient même une figure de boogeyman comme il a été représenté tant de fois sur grand écran.

Terreur urbaine

Ce qui provoque surtout une forme d’effroi est la représentation même de la ville, comme si le basculement dans la nuit réveillait une forme d’ambiance hors norme. Ainsi, malgré ses tentatives, Max ne saura jamais échapper à Vincent. La ville est bien loin d’être un refuge et représente même une autre menace, tel un environnement aux abords sympathiques mais au final impersonnel. Là où l’on représente souvent la forêt comme lieu d’effroi, Mann préfère s’attaquer à l’espace urbain d’une manière à installer un climat fort entre réalisme et quelques instants sortant de cet aspect terre à terre par le biais du visuel.

Les dialogues entre Max et Vincent permettent de construire une confrontation verbale sur leurs concepts de vie, entre rêves inaccessibles et une forme de fatalisme que l’on s’applique à soi-même. On ne néglige en rien les barrières psychologiques qu’il nous arrive sans cesse de nous appliquer par peur d’échec, nous poussant directement à la contrainte de l’abandon pour ne pas risquer la défaite. Ces dialogues fonctionnent également grâce au travail du duo principal incarné par Jamie Foxx et Tom Cruise, tous deux impeccables dans leurs prestations.

On peut donc décrire Collatéral comme un thriller représentant sans fard une forme de cauchemar urbain dans lequel subsistent des personnages tentant de se détacher des limites qu’ils s’imposent. Bref, c’est une œuvre qui mérite d’être vue par un grand nombre de personnes afin de permettre une analyse de l’espace urbain et du désenchantement que représente celui-ci.