Critique : Si Steven Spielberg est un maître du cinéma qui a su offrir divers grands films à travers les décennies, il existe un titre qui lui est le plus rattaché, notamment par son ampleur réduite et plutôt intime. « E.T., l’extra-terrestre » est en effet une œuvre culte, une célébration totale qui se redécouvre toujours avec autant d’intensité 40 ans après sa sortie. Universal ressortant ce chef d’œuvre en Blu-Ray à l’occasion de cet anniversaire, il était évident qu’il fallait remettre quelques mots sur tout ce qui fait de ce film un classique pur et dur du cinéma américain.
Tout le monde connaît l’histoire et pourtant, il y a quand même une certaine force dans sa prémisse assez simple : l’amitié entre un enfant et un extra-terrestre. Cette base est enrichie par le propos émotionnel du long-métrage, les deux étant tout bonnement perdus dans un monde qui les dépasse. L’allégorie de la scission entre enfants et adultes se trouve exacerbée ici par la rudesse d’un univers où des sentiments vus comme plus “puérils” l’emportent sur le cynisme ambiant. C’est peut-être cela qui lui a valu tant de moqueries au fur et à mesure des années malgré son succès planétaire. Peut-être est-ce parce que le monde aime parfois se complaire dans ses malheurs plutôt que de revenir à des bases émotionnelles plus simples mais néanmoins fortes ?
Steven Spielberg impose visuellement quelques idées passionnantes, notamment dans leur implication. Il y a ainsi cette caméra basse qui amène en équilibre les enfants du film et « E.T. », rendant les adultes plus éloignés encore de la vérité des enjeux du film. On peut aborder aussi son jeu de lumière, notamment dans la façon de baigner les protagonistes dans un décor urbain typique de l’American Way of Life pour souligner au final la nature merveilleuse des enjeux. Dans tout ce que propose le long-métrage dans sa construction technique, « E.T., l’extra-terrestre » s’avère toujours aussi superbe et le film n’a pas réellement pris de ride. La ressortie chez Universal s’accompagne donc d’un intérêt fort de remettre en avant toute la puissance formelle et émotionnelle du long-métrage.
« E.T., l’extra-terrestre » fait en effet partie de ces titres qui, à force de marquer les générations, semblent avoir été vidés de toute analyse critique. Si cela est en réalité faux (la marque des grands films), il n’empêche qu’on en diminue peut-être son impact sensoriel et la beauté de ce qui fait le cinéma : son implication sentimentale. En ce sens, « E.T., l’extra-terrestre » est d’une portée bouleversante dans ses enjeux, dans son formalisme et dans la simplicité avec laquelle il aborde les difficultés de l’enfance tout en renforçant son caractère unique et essentiel. Si on a besoin de consulter l’enfant qu’on a été plus régulièrement qu’on ne le croit, il est indispensable parfois de revoir des chefs d’œuvre de cinéma comme le film de Steven Spielberg.
Résumé : Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d’exploration botanique, sortent de l’engin, mais un des leurs s’aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C’est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue.
Elliot, un garçon de dix ans, le découvre et lui construit un abri dans son armoire. Rapprochés par un échange télépathique, les deux êtres ne tardent pas à devenir amis. Aidé par sa soeur Gertie et son frère aîné Michael, Elliot va alors tenter de garder la présence d’E.T. secrète.