Critique : Faut-il rappeler l’importance de la fiction pour chroniquer un état moral et social du réel ? Sans doute pas pour toutes les personnes qui savent l’importance de la création dans l’expression intime et universelle, mais il existe toujours quelques personnes récalcitrantes qui nient le pouvoir politique du cinéma. Difficile ainsi de passer à côté de cela concernant « Fièvre méditerranéenne », deuxième long-métrage de la scénariste et réalisatrice Maha Haj. Celle-ci capte ainsi un mal-être palestinien par un ton particulier.
Le film s’entame ainsi comme une comédie plutôt noire, la chronique sociale étant alimentée par des tonalités disparates qui touchent autant qu’elles questionnent. Il faut dire que la réalisatrice et scénariste n’esquive pas du tout certaines difficultés narratives et émotionnelles pour mieux développer sa bascule. C’est en cela que « Fièvre méditerranéenne » force le respect, tout en se rapprochant de deux personnages principaux finement écrits. Ce duo apporte alors un cœur et un regard autre de masculinité qui appuie la singularité du long-métrage. Leur vulnérabilité respective apporte alors une certaine mélancolie de ton, un rebord émotionnel qui enrichit encore plus la chronique dans quelque chose d’assez doux et cruel à la fois.
À mi-chemin entre les tons, les drames et les intentions, « Fièvre méditerranéenne » offre alors une perception mi drôle et mi triste d’un quotidien chargé d’une tristesse intériorisée. Le regard sur la société palestinienne se densifie par son émotion, son rapport sentimental qui émeut beaucoup. Très bien écrit et disposant d’une mise en scène jouant de ses perceptions émotives, le long-métrage de Maha Haj surprend constamment et réussit pleinement.
Résumé: Walid, 40 ans, Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines ; Walid y voit l’opportunité de réaliser un projet secret…