Dans l’histoire des trilogies, Indiana Jones a rien de moins que marqué l’histoire du cinéma. Issu de l’imagination fertile des réalisateurs ultra bankable de Steven Spielberg et George Lucas, le professeur Henry Jones Jr a d’abord été un pari fou. Archéologue infatigable, aventurier sans limites, chapeau rappelant Humphrey Bogart dans Le Trésor de la Sierra Madre, fouet tout droit sorti de Zorro, le personnage est devenu cultissime et les 3 premiers films de la série sont un sommet de divertissement inégalable. Surtout que la gueule d’Harrison Ford accompagnée d’un constant humour pince sans rires n’enlèvent rien au charme du héros à la fois bad boy et docteur émérite, la distance est omniprésente, un sérieux excessif aurait tué le héros dans l’œuf. L’histoire aurait pu (aurait du) s’arrêter là. Mais les rapaces d’Hollywood en ont décidé autrement en sortant le héros devenu vieillissant de sa retraite. En 2008, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal a été un sommet de n’importe quoi, perdant ce qui faisait le sel du personnage, influences bibliques (souvent mais pas que), aventures trépidantes très kitsch mais surtout très crédibles (au fond) en faisant appel à des références universelles connues de tous. Arche d’alliance et Graal font partie de la culture rien de moins. Alors un crâne de cristal… et maintenant un cadran de la destinée, vous avouerez, c’est un peu tiré par les cheveux, un peu trop même. S’il est difficile de trouver constamment de nouveaux artefacts tirés de l’histoire mythologique universelle, est-il bien raisonnable d’extrapoler à ce point? Le 5e volet invoque Archimède (le fameux Eurêka, c’est lui) et les nazis pour une aventure passant par Tanger et Syracuse. Sauf que le Dr Jones est vieillissant, il est devenu lui-même une relique du passé dans une époque qui voit l’homme marcher sur la lune à la fin des années 60. Le début du film succombe à la manie du rajeunissement numérique pour montrer un Harrison Ford jeune et frétillant en 1944. Ce n’est plus la même chose en 1969. Face à lui, une horde de nazis multiplie les exécutions avec une meneuse de troupe à la coupe afro qui disparait assez vite sans que sa présence puis son absence ne constituent des énigmes bien sérieuses. C’est d’ailleurs une des faiblesses de l’histoire, les sacrifices de seconds rôles s’accumulent sans qu’aucune véritable empathie n’ait été générée pour créer un véritable attachement. Pareil pour Antonio Banderas ou Toby Jones. Reste la pétillante Phoebe Waller-Bridge qui fera peut être partie d’une suite sans Jones mais avec un personnage féminin central très à la mode. Le film est longtemps assez plaisant quoique quelconque. Jusqu’à une pérégrination finale qui défrisera nombre de spectateurs par son incohérence la plus complète. SPOILER ALERTE.

En transformant Indiana Jones en succédané d’Interstellar avec un voyage dans le temps à l’époque d’Archimède 200 ans avant JC, le film prend le risque de perdre nombre de spectateurs. Une telle extrémité scénaristique transforme le divertissement en nouveau n’importe quoi complet et le film part en cacahuètes, laissant le choix entre rire et pleurer. Hollywood est sans pitié dans son manque de respect pour les personnages cinématographiques légendaires. Ce n’est pas l’apparition tardive de Marion Ravenwood qui changera les choses. Les références nombreuses aux précédents épisodes (le retour de Sallah, les courses poursuites incessantes) n’y changeront rien. Indiana Jones a le droit de se reposer, ce n’est plus la peine de le faire revenir une 6e fois…

Synopsis: 1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles. Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d’un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d’Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée…