Critique : Si l’on parle constamment de titres soutenus par des boîtes de production et de distribution, il n’empêche que de nombreuses personnes versées dans le septième art se développent par le biais de l’autofinancement. À l’ombre des festivals se dressent ainsi des titres à l’indépendance totale et cherchant à compenser un budget limité par un ensemble d’idées. C’est ainsi le cas de « Gravidam » et de « Sans voix », partageant tous deux une orientation vers le cinéma de genre ainsi qu’un financement réduit mais surtout une envie forte de cinéma.
Commençons avec « Gravidam », dernier né du productif Brandon Gotto (qui aura eu le temps de diffuser son dernier long, « Ida », entre temps). Suivant la chute d’un couple après une fausse couche, le film profite d’une rigueur visuelle forte, n’hésitant pas ainsi à exploser dans des visions chocs pour mieux marquer son audience. Si on peut s’interroger sur le trop de certains plans (en particulier celui d’un foetus), il n’empêche que l’envie de perturber son audience fonctionne pleinement. Bascule de drame intime au cauchemar sensoriel, ce long-métrage parvient à créer l’effet repoussoir promis, tout en étant visuellement aussi impeccable que son casting.
De son côté, « Sans voix » joue la carte de la poursuite quasi constante en confrontant influenceuse en deuil à une créature. La mise en scène souffre par moments de ses envies mais parvient néanmoins à conserver tout au long de sa courte durée une énergie, celle d’une fuite linéaire où la faute personnelle trouve dans le fantastique une horreur intime. Profitant d’une excellente créature au design réussi, le film de Jonathan Placide dégage d’une envie telle qu’on ne peut que mettre de côté ses limitations, l’ambition dépassant le budget.
Dès lors, le constat commun pour ces deux titres, en plus de leurs qualités respectives, est l’envie de voir ce que deux esprits pareils pourraient donner avec un budget plus conséquent tant on ressent une forte envie de cinéma ainsi qu’un certain talent dans leurs ambitions respectives. N’hésitez donc pas à suivre ces deux noms tant ils ont ce qu’il faut pour fournir une belle et longue carrière dans le domaine du genre indépendant.