La Fabrique du mensonge peut se considérer selon 3 angles: l’explication des mécanismes de propagande nazie, la vie secrète des dirigeants nazis, les effroyables conséquences humaines des actions nazies. Un seul de ces 3 angles aurait suffit à en faire un film intéressant mais le réalisateur a choisi de ne pas choisir. Avec pour résultat un film un peu inégal car à cheval sur 3 problématiques relativement antinomiques. Reste tout de même un film qui ébranle, donc à voir absolument au cinéma. Car il aborde des thèmes cruciaux pour comprendre la période 1936-1945 avec des points de vue relativement inédits. L’annexion de l’Autriche en 1938 (l’Anschluss), l’annexion des Sudètes en 1938 également, l’invasion de la Pologne en 1939, les livres d’histoire restent souvent factuels sans montrer le contexte historique et les efforts pour emporter l’adhésion de la population vie une manipulation finement exercée.

L’art de la manipulation

Le film montre que l’establishment nazi a eu à coeur de diriger l’esprit et le regard du peuple allemand dans la direction souhaitée avec une bonne dose de manipulation. Car 50 millions d’allemands représentaient un beau challenge à gouverner, avec le risque de voir la populace se soulever contre son gouvernement, ce qui ne fut finalement jamais le cas. Ce n’est pas un point de vue souvent abordé au cinéma, tout le monde pense qu’il y avait 50 millions de nazis, la réalité était en fait bien plus complexe. Le film montre qu’entre l’annexion de l’Autriche et l’invasion de l’URSS en 1942, le gouvernement nazi a soufflé le chaud et le froid pour convaincre le peuple allemand du bien fondé de ses actions. Entre la lutte contre le bolchévisme, le pacte germano-soviétique et l’opération Barbarossa, le gouvernement nazi ne s’est jamais départi d’une bonne dose de mauvaise foi vis à vais de l’URSS, sans jamais perdre la face, grâce à la magie de la propagande. La fabrique du mensonge montre que pour orienter le peuple, il ne faut pas lui mentir, mais il faut au contraire choisir un point de vue particulier sur les évènements, maquiller la vérité en somme. Et le ministre de la propagange Joseph Goebbels était un maitre en manipulation, autant sur le terrain de l’état que dans sa vie privée.

Un manipulateur né

Le film montre que Joseph Goebbels avait une admiration sans bornes pour Hitler mais qu’il était également un vrai coureur de jupons. Derrière la façade respectable se cachait un être veule et perfide, même dans le cadre familial. D’ailleurs, le film montre bien que tous les hauts dirigeants nazis cachaient des secrets habilement dissimulés. Goering, Ribbentrop, Goebbels, Himmler, tous avaient leurs petits secrets et se tiraient dans les pattes à la première occasion pour s’attirer les faveurs du grand maitre Hitler. Montrer le gouvernement nazi sous l’aspect d’une petite bande de courtisans, ce n’est complètement pas banal. Derrière l’apparence des monstres se cachaient bien des hommes méprisables et serviles avec leurs petites avanies. Et Hitler jouait sur cette bataille d’egos pour conserver sa suprématie en attisant les inimitiés et distribuant ses faveurs. Un tel contexte mériterait un film à lui tout seul car ce point de vue court circuite quelque peu les 2 autres dimensions.

La peur de la foule

Le film montre enfin que la foule est un danger encore pire que les autres. Provoquer des guerres, lever des troupes et mener des conflits exige pourtant l’adhésion de la population pourvoyeuse en chair à canon. Goebbels réalise ces prodiges en créant des ennemis fort a propos avec des mensonges montés de toute pièce. L’invasion de la Pologne? Ce sont les polonais qui ont commencé à attaquer l’Allemagne, qui peut le croire aujourd’hui. Mais Goebbels a créé ce mensonge pour justifier l’invasion de cet encombrant voisin. L’URSS était le pire ennemi? Hitler s’allie avec l’URSS pour partager la Pologne et ménager son ennemi mortel de l’Est. Le discours politique a été orienté par le zélé ministre pour persuader le peuple allemand, plus les mensonges sont gros, plus ils passent facilement. La seule constante dans le discours des nazis fut finalement la haine pour les juifs. Des images d’archives sont intercalées dans le film pour montrer les conséquences horribles de cette propagande. Les images d’exécutions, d’exactions, d’assassinats sont souvent insupportables mais pourtant véridiques. Pendaisons en place publique, fusillades collectives et camps de la mort ont été des étapes successives, les images font froid dans le dos. Et si il y eut une résistance en Allemagne, elle fut faible et parcellaire.

Ces 3 points de vue partagés par le film en font un incontournable à voir au cinéma en 2025. Le film se finit sur le suicide d’Hitler, de Goebbels et de la famille de ce dernier, enfants inclus. Leur fin est à l’image de toutes leurs exactions et donne à méditer sur la vanité des choses…

Synopsis: A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Goebbels est devenu l’éminence grise d’Hitler. Convaincu que la domination du Reich passe par des méthodes de manipulation radicalement nouvelles, le ministre de la Propagande contrôle les médias et électrise les foules. Au point de transformer les défaites en victoires et le mensonge en vérité. Avec le plein soutien du Führer, Goebbels va bâtir la plus sophistiquée des illusions, quitte à précipiter les peuples vers l’abîme.