Je n’avais pas revu Emmanuel Mouret depuis 2018 et son charmant Mademoiselle de Joncquières. Il revient avec une comédie sentimentale chorale où on parle beaucoup de désir, d’amour, de désir et d’amour, d’ex et d’aspirations amoureuses. Les personnages se laissent porter par leurs penchants, quitte à sacrifier leurs moitiés et à changer de vie, pour ne jamais s’arrêter de désirer. Pas de soucis d’argent chez ces personnages tous plus frivoles les uns que les autres. C’est léger, gentiment inconséquent, et pourquoi pas.
Du babillage non-stop
Difficile de s’attacher à ces personnages constamment en train de glisser sur la pente savonneuse du désir. Les couples ne se font que pour se défaire et créer d’autres couples qui se déferont à leur tour. Le cercle est sans fin, il occupe 2h de temps dans une belle sarabande de regards en coin, de situations alambiquées et de malaises car souvent les fautifs s’épanchent pour laisser leurs confidents dans l’embarras. Le rendu est caustique par la grâce d’une caméra qui transforme les spectateurs en témoins des faussetés et des compromissions de chacun dans les cadres coquets d’immenses maisons bourgeoises et d’appartements parisiens. L’argent ne semble pas un problème de fond pour des personnages qui parlent beaucoup, s’épanchent constamment et sont empêtrés dans des doutes constants sur ce qu’ils ressentent vraiment, dans le fond, au fond d’eux, derrière les portes sans qu’on sache. Le résultat est assez euphorisant, le spectateur observe un marivaudage savamment chorégraphié par un réalisateur grand ordonnateur des passions humaines. Le spectacle est gentiment inconséquent, assez agréable même si un peu long dans la dernière demi-heure. Voir Niels Schneider enchainer 3 conquêtes, Camélia Jordana 3 aussi, Vincent Macaigne 2 seulement, c’est un concept. La question finalement posée est biaisée. Le désir et l’amour sont-ils solubles dans une vie de couple qui affadirait systématiquement les sentiments pour générer de nouveaux désirs? La question est intéressante, même si parcellaire, la vie n’est pas que désirs récurrents et tensions insoutenables, enfin, il me semble. Mais c’est le principe du film, ça fonctionne pour un ballet qui tient en haleine et enthousiasme, finalement.
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, c’est un vrai film parisien qui invoque le grand siècle des lumières avec ses décors anciens et ses personnages modernes. Le désir, quelle belle chose, mais quelle avanie parfois. Mais comme le dit si bien le titre, il faut parfois faire ce qu’on dit, même s’il est tentant de ne pas faire ce qu’on dit. En gros.