Avertissement: Bobos et cinéphiles snobinards s’abstenir.

Dans la première moitié des années 2000, LE réalisateur de films d’action par excellence, à votre avis, qui est-il?

Antoine Fuqua, qui sortait Le Roi Arthur et Shooter, Tireur d’élite? Euh, non.

Tony Scott, qui sortait Spy Game, Man on Fire, Domino et Déjà Vu? Presque!

Michael Bay, l’héritier de Tony Scott, qui sortait Pearl Harbor, Bad Boys 2 et The Island? Mais oui, m’enfin!

Mollo sur les cuts

J’en parle dans ma critique de Bad Boys 2, chez Michael Bay, ça cut. Ça cut à en crever. Cela dit, Michael Bay ne cut jamais sans raison. Couper, ça doit avoir du sens. Michael Bay ne cut pas n’importe comment, il fait ça bien et intelligemment. Il maîtrise son découpage, sa mise en scène et son cadrage (Au point que c’est souvent lui qui tient la caméra). Quant aux monteurs, il sont correctement drivés. Jamais ses films ne sont mal montés.

Pourtant, dans Transformers, Michael Bay s’est énormément calmé sur les cuts et le découpage.

Entre quelques passages au montage haché, le réalisateur de The Rock laisse une gigantesque ampleur à sa mise en scène et à son cadrage.

Les scènes de transformation, de course-poursuites en bagnole et de baston entre Autobots et Decepticons sont tout ce qu’il y a de plus lisibles. Michael Bay a bien compris comment mettre en scène des personnages surdimensionnés, privilégiant la contre-plongée et des plans épurés. Ainsi, on ressent le gigantisme de ces extraterrestres de métal.

Guillermo Del Toro, d’ailleurs, appliquera la même vision en 2013 avec Pacific Rim, filmant les Kaijus et les Jägers de la même façon.

La bataille finale dans le centre-ville nous en met plein la vue sans charcuter le montage dans tous les sens. Quand on voit Ironhide, Jazz et Bumblebee mettre une de ces dérouillées à Brawl/Devastator, le Decepticon qui se transforme en gros tank, on les voit bien et ça marque.

Et pas seulement!

Dans la séquence d’ouverture au Qatar, la transformation de l’hélicoptère, en la personne du Decepticon Blackout, on la voit en plan d’ensemble. C’est impressionnant!

Ma théorie, c’est que Steven Spielberg, producteur exécutif du film et de la saga, sans lui mettre des bâtons dans les roues, a drivé Michael Bay. Bon nombre de plans, dans leur grande majorité des travellings, rappellent le style de tonton Steven. La mise en scène de Spielberg est beaucoup plus épurée que celle de Michael Bay.

L’apogée des images de synthèse

Dans la seconde moitié des années 2000, on atteignait le point culminant de la représentation des effets spéciaux numériques.

Les pubs Bionicle cassent des briques, Davy Jones sous les traits d’un Bill Nighy en capteurs de mouvement dans Pirates des Caraïbes 3 est impressionnant et ne semble pas avoir pris la moindre ride, les Navi’s nous font oublier que le scénario d’Avatar de James Cameron n’est autre que Danse avec les Schtroumpfs, mais par-dessus tout Transformers rabat les cartes et nous offre les plus beaux robots extraterrestres géants de l’histoire du cinéma en prises de vues réelles.

Cependant, les images de synthèse ne font pas tout. Personne n’est dupe, les Autobots et les Decepticons sont en images de synthèse, réalisées à 75% par les kadors d’Industrial Light and Magic, mais les cascades sont des effets pratiques et les séquences ont été tournées presque exclusivement dans de vrais décors et pas devant des fonds verts.

Ça se voit que c’est filmé dans de vrais décors, à aucun moment ça ne fait fake, ni les décors et les cascades, ni les images de synthèse! Du travail d’orfèvre!

Les 150 millions de dollars de budget, on sait où ils sont allés. On savait où allait le budget exorbitant à l’époque, et on ne se faisait pas pipeauter!

L’art du sound design

Qu’est-ce qu’on voit et entend au tout début?

Les intros Paramount et Dreamworks Pictures, en principe, ça paie pas de mine, ça nous dit juste quels studios ont chapeauté le film. SAUF QUE!

Les étoiles du logo Paramount sont accompagnés par des sons électroniques trop classes. Quant à l’intro Dreamworks, lorsque le hameçon touche l’eau, pareil, des sons trop classes.

Le fait de les entendre dès le début, d’un côté, c’est pour faire cool, mais de l’autre, ça en dit long sur les Transformers dans la diégèse. Ils sont parmi nous et peuvent être n’importe quel objet électronique que nous connaissons et/ou qui nous appartient.

Ouais, j’intellectualise Transformers, kestuvafèr?!

Le sound design, comme tout dans un film, ça ne se fait pas n’importe comment. Les sons de Transformers, en l’occurrence, sont impeccablement travaillés et soignés.

Outre l’effet sonore emblématique du dessin animé original Transformers (composé d’un enchaînement de cinq sons et chacun d’un ton différent), que l’on retrouve de temps en temps dans le film, les sons qui accompagnent les transformations sont percutants, bien choisis et bien pensés, mélangeant sons électroniques et métalliques. Un orgasme pour les oreilles, comme l’intro THX!

On peut remercier Erik Aadahl, l’artisan du son, yeeeeah!

Mais quid du scénario?

Ah mais oui, c’est vrai! Je n’ai pas parlé du scénario, de l’intrigue.

On parle d’un gros film d’action bourrin parlant de robots gigantesques, donc… vous en avez vraiment quelque chose à battre?

La réponse est oui. Le scénario de Transformers ne tient pas pour ainsi dire sur un post-it.

Le film aborde plusieurs axes de narration. D’un côté, on a Sam Witwicky (Shia Labeouf) et son évolution similaire aux mangas de type shonen. En même temps, il est lié aux Transformers, par l’intermédiaire des lunettes de son ancêtre Archibald (qui a vu Megatron (Julien Kramer) par hasard au cours d’une expédition, et a vu les symboles du Allspark, le cube cosmique) et de sa rencontre avec le secteur 7 et leur agent frappadingue Seymour Simmons (John Turturro).

Ensuite, on a le secrétaire d’État américain à la Défense John Keller (Jon Voight) et les analystes qui tentent de décrypter le signal lâché par Blackout au Qatar et Frenzy à bord d’Air Force One.

Dans le même temps, on suit le petit groupe de militaires rescapés de l’attaque de la base, mené par le commandant Lennox (Josh Duhamel), qui tente de survivre au cœur du désert du Qatar alors que le Decepticon Scorponok se cache dans le sable.

Et enfin, on a les Autobots menés par Optimus Prime (Jacques Frantz) qui débarquent sur Terre à la recherche de Sam, des lunettes et du Allspark, et les Decepticons, déjà sur Terre et menés par Starscream, qui cherchent également les lunettes, le Allspark, et surtout Megatron, maintenu congelé dans un complexe militaro-scientifique secret du secteur 7.

Évidemment, tout finit par se recouper lorsque l’on voit le Allspark et Megatron.

J’ai même envie de rajouter la sous-intrigue avec l’analyste Maggie Madsen (Rachael Taylor) qui copie le signal sur une carte SD et quitte son poste (Délit fédéral!) pour que son pote Glen Whitman (Anthony Anderson) l’aide à le déchiffrer. Les séquences avec Glen font partie de ces moments fun qu’on aime voir dans ce genre de films pour alléger l’atmosphère, tout comme l’arrestation de Sam par Simmons, le passage chez Bobby Bolivia (Bernie Mac), les chaussettes rouges du président des États-Unis à bord d’Air Force One, Sam qui galère avec sa voiture face à Mikaela (Megan Fox), et enfin les parents de Sam. Ça détend l’atmosphère, mais en même temps ce n’est pas lourdingue et ça n’empiète pas sur le rythme, la narration ou le ton général du film.

On peut éventuellement regretter l’absence relative d’un aspect paranoïaque vis-à-vis du fait que les Autobots et les Decepticons sont camouflés sous forme d’objets du quotidien, mais est-ce si grave? Je ne pense pas. En tout cas, on retrouve l’aspect paranoïaque dans les séquences au Pentagone avec Keller et les analystes.

Les designs

S’il est un aspect de Transformers que personne ne pourra enlever sans mauvaise foi, c’est le look des Autobots et des Decepticons, parfaitement pensé pour du photo-réalisme et qui s’affranchit des apparences robotiques simplistes du dessin animé. Curieusement, à partir du film Bumblebee, on retourne à un design plus proche du dessin animé, sans doute par nostalgie, toujours est-il que c’est moins immersif et impressionnant que les designs des films de Michael Bay.

Si les Autobots sont classes, les Decepticons, eux, sont avantagés parce qu’ils sont très menaçants voire effrayants. Megatron, à sa tête, ça se voit qu’il rigole pas. Starscream, Barricade, Blackout, Bonecrusher, Brawl, Frenzy, ils ont des tronches à faire peur, ce qu’on est en droit d’attendre de personnages de leur acabit.

Conclusion

Sous la houlette du pilier du divertissement et du maître de l’action moderne, le tout présenté et assumé comme un gros coffre à jouets, Transformers est un formidable blockbuster maîtrisé, régressif mais pas bête!

Synopsis

Un hélicoptère non identifié atterrit sur une base militaire américaine au Qatar, se change en un gigantesque robot et sème la pagaille, tout en lâchant un signal sonore en essayant de pirater les serveurs de la base. Un petit robot pirate les serveurs d’Air Force One, laissant échapper le même signal sonore. Sam Witwicky, jeune lycéen peu populaire, obtient sa toute première voiture: Une vieille Chevrolet Camaro, mais pas n’importe laquelle. Il découvre que sa voiture est en fait un gigantesque robot. Au Pentagone, le Secrétaire d’État à La Défense John Keller engage des analystes militaires et civils pour analyser ce signal et savoir d’où il vient.