Critique : On a beau connaître la verve comique de Gérard Jugnot, il se peut que certaines personnes aient oublié sa carrière de réalisateur. Heureusement, Rimini pallie à cet oubli en proposant un rattrapage de trois comédies qui façonnent le style de l’acteur, tout en proposant une certaine diversité de forme. Il faut bien dire que, malgré une orientation comique à chaque fois marquée, ces titres parviennent à se distinguer les uns des autres.

Commençons par « Pinot simple flic », premier long-métrage du comédien en tant que réalisateur (le dernier plan soulignera d’ailleurs ce passage derrière la caméra). Sorti il y a bientôt 40 ans, le film dégage rapidement une sympathie pour ses protagonistes grâce à son écriture de personnages (malgré quelques clichés évidents) et une assez bonne direction d’acteurs. On peut alors déceler une vraie tendresse de la part de son metteur en scène qui n’hésite pas à jouer du pathétique de son héros (qu’il incarne) pour mieux amuser et surprenamment toucher.

Le passage au film d’époque avec « Sans peur et sans reproche » marquera alors une certaine rupture par l’ironie qui suinte dans ses personnages. La relation amour-haine entre le capitaine Bellabre et Pierre Terrail de Bayard va ainsi opposer deux types de figures médiévales, une plus cynique et une plus naïve. Néanmoins, cet équilibre parvient à conférer sa dose de sentiment grâce à ce décalage constant, à l’image de son casting. Si certains points ont moyennement vieilli, il en reste une reconstitution agréable aux quelques bons mots.

Nouvelle rupture avec « Une époque formidable », n’hésitant pas à virer dans le dramatique par ce récit d’homme qui finit à la rue. La comédie vient alors être infectée par une rage sociale et un portrait de sans-abri qui esquive le larmoyant pour atteindre une vraie justesse. Rempli d’une colère surprenante, ce long-métrage est sans aucun doute le plus abouti et le plus mémorable de Jugnot en tant que metteur en scène. C’est un film clairement pas facile dans sa volonté grand public d’aborder un sujet que beaucoup de gens esquivent, ce qui rend le résultat encore plus remarquable.

Mis en avant dans des combos Blu-Ray et DVD toujours aussi bons de la part de Rimini, ces trois films méritent alors la redécouverte, en particulier le dernier. On y découvre l’envie d’un Gérard Jugnot de rester dans son registre comique tout en touchant à différents styles, le tout avec une envie de sincérité qui aboutit plus ou moins bien.

Résumés :

  • Gardien de la paix sympathique et maladroit, le brigadier Pinot décide de prendre sous son aile Marylou, une jeune toxicomane originaire du même village que lui. Mais la jeune femme est sous l’emprise de Tony, un dangereux dealer. Le policier va prendre tous les risques dans cette affaire qui pourrait lui coûter sa carrière… ou faire de lui un héros.
  • Le capitaine Bellabre, redoutable mais vieillissant chevalier du roi de France, est ridiculisé au cours d’un tournoi par un jeune inconnu, Pierre Terrail de Bayard. Les armées du roi de France doivent traverser l’Italie pour aller conquérir le royaume de Naples. Bellabre prend sous sa coupe le jeune homme, espérant se venger.
  • Le monde de Michel Berthier s’écroule lorsqu’il est licencié. Il ne dit rien à son épouse, quitte le domicile conjugal et se retrouve à la rue. Désormais, il est SDF et ses compagnons d’infortune s’appellent Crayon, Mimosa ou Le Toubib.