Tout le monde le sait, Daniel Craig ne renfilera pas le smoking de James Bond une fois de plus. Mourir peut attendre est son au revoir, lui qui clamait vouloir tout arrêter à l’époque de Spectre. Si le chéquier l’a certainement convaincu de continuer, cela n’a pas suffi à faire de cet opus une oeuvre inoubliable, à peine meilleure que Quantum of Solace. Le film ressemble parfois à une romance à l’eau de rose inutilement étirée en longueur, 2h43, c’est abuser des bonnes choses…

Un Bond oubliable

C’est un peu le leitmotiv du passage de Craig dans la saga culte de l’espion britannique. Le meilleur côtoie le plus médiocre et pour un Casino Royale et un Skyfall, il y a a Quantum of Solace et Spectre. Et ce qui semble clairement faire la différence se tient au niveau du casting. Mads Mikkelsen et Javier Bardem apportaient une profondeur toxique à leurs personnages, ce que Rami Malek et Mathieu Amalric n’apportent pas du tout. Sans parler de Christopher Waltz qui fait un passage éclair et inutile dans ce dernier volet. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura du changement dans le prochain opus car à moins d’un retournement invraisemblable de situation, James Bond est parti en confettis, du moins sa version mâle blond bodybuildé. Pour revenir au film, les scènes d’action sont assez jouissives, c’est bien le minimum. Léa Seydoux revient en James Bond girl pour une prestation honnête mais pas éblouissante. L’habituelle équipe composée de M (Ralph Fiennes), Q (Ben Whishaw) et Miss Moneypenny (Naomie Harris) font leur numéro de claquettes, mais la vraie différence par rapport au personnage de Bond que l’on connait, c’est son énervement, son agacement, en gros, le flegme tout britannique en prend un sérieux coup. Peut-être que l’acteur a voulu se défouler pour finir son aventure, ce n’est pas forcément une réussite. Le voir les yeux exorbités et la bave aux lèvres produit un sentiment étrange sur le spectateur, comme si les producteurs sacrifiaient leur personnage sur l’autel d’une époque où il est possible de se laisser aller, pas vraiment raccord avec la légende. L’espion traverse le monde entre Londres, Italie, Cuba et Japon, il se sort de toutes les explosions et les balles semblent le fuir inlassablement alors que lui fait mouche les yeux fermés sans regarder où il tire, c’est toujours agaçant, mais c’est la légende qui veut ça. Quant au méchant, il est un peu transparent. Ce Safin interprété par Freddie Mercury est désespérément lisse, il a beau faire croire à des aspérités, ça ne fonctionne pas. Et comme le film fait donc 2h43, il faut être patient pour se sortir de la salle sans avoir un peu fermé les yeux, surtout que l’espion roucoule encore et encore, il sort des je t’aime à la pelle, il a vraiment envie de prendre une bonne retraite méritée. Changer l’espion inoxydable en Roméo romantique, il fallait oser, les producteurs l’ont fait. De quoi alourdir encore un peu plus la barque de cet épisode iconoclaste et par trop décevant.

Mourir peut attendre est un défi à l’endurance et un épisode de James Bond qui ne restera pas dans les mémoires. Maintenant, les paris sont ouverts, quel acteur osera reprendre le flambeau pour perpétuer la gloire de l’empire britannique déchu?

Synopsis:
Dans Mourir peur attendre, Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…