Un héros raconte une histoire bête comme chou. Un personnage tente de payer une dette, procédé courant en Iran pour se racheter d’une faute ou d’une erreur. Mais il va de problèmes en problèmes à force d’enchainer des mensonges qu’il croit véniels, ou du moins pratiques pour lui, sans pouvoir arrêter la machine infernale. Le réalisateur des puissants Une séparation et A propos d’Elly est de retour avec un film toujours très réaliste et perturbant à force d’affubler son protagoniste principal de casserole

Un film que Kafka n’aurait pas renié

Difficile de ne pas considérer Rahim avec un regard hostile. Il ment à sa famille, il ment à son créancier, il ment à son fils, il ment à tout le monde. Pas pas plaisir mais, pense-t-il, pour simplifier les choses. Qui ne se simplifient pas du tout, bien au contraire. Lui qui tente d’échapper à un retour en prison fait tout pour y revenir, à son corps défendant. Le film est très clinique, là où la plupart des êtres humains ne cherchent pas forcément à comprendre, faute de temps ou d’énergie, les fonctionnaires du régime des mollahs sont beaucoup plus pointilleux. Le film montre bien qu’au quotidien, les contraintes sont somme toutes gérables, mais en cas de problème, la mécanique infernale se met en marche pour vous pourrir la vie. Et comme le héros s’est mis dans le pétrin tout seul, il n’échappe pas au retour de baton. Le film a cela de caustique qu’il est longtemps considéré comme un héros au sens propre du terme, admiré pour avoir vouloir rendre des pièces d’or, le spectateur est mis dans la confidence et sait bien que ses intentions ne sont pas si louables. Mais sa famille et son fils l’admirent. Surtout que le fils est bègue et que cette particularité sert en quelque sorte de fil rouge au film car il voudrait parler à son père pour le raisonner mais n’y parvient pas. Pour ce héros, le film est un cauchemar éveillé, rien ne se passe comme prévu, jamais, le mettant à rude épreuve, le faisant se battre quand il faudrait au contraire être calme, son esprit se brouille. Le réalisateur place son personnage dans un délire quasi kafkaïen bien mené avec cette fatalité qui lui colle à la peau.

Un Héros se passe en Iran mais pourrait se passer un peu partout si ce n’étaient ces particularités bien locales comme le poids d’une dette et la difficulté de la régler sans avoir la tentation d’utiliser des moyens peu avouables. Encore un film iranien convaincant.

Synopsis:
Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…