“Les mutants. Dotés à la naissance de facultés extraordinaires, et pourtant ce sont des enfants trébuchant dans l’obscurité, à la recherche d’un guide. Un don peut être une malédiction. Donnez-leur des ailes, et ils voleront trop près du soleil. Donnez-leur le pouvoir d’un prophète, et ils vivront dans la terreur du monde à venir. Donnez-leur le plus grand des pouvoirs, un pouvoir dépassant l’imagination, et ils pourront se croire maîtres du monde.“ (Charles Xavier)
Un film X-Men classique comme on aime
Après un premier préquel, X-Men: Le Commencement (Ou First Class en VO), sur fond de politique et d’histoire (Il s’agit de la crise des missiles de Cuba de 1963) et une suite, X-Men: Days of Future Past, mélangeant le futur post-apocalyptique et le passé au crépuscule de la Guerre du Vietnam, dans les années 80, Bryan Singer et Simon Kinberg retournent aux sources tout en assurant une certaine continuité avec le film précédent.
Un générique d’ouverture de malaaaade
C’est peut-être mon intro préférée d’un film X-Men! Celle de X-Men: Apocalypse, en l’occurrence, résume l’histoire de la civilisation depuis l’Égypte antique. On traverse donc l’Égypte, la Grèce, Rome, on passe devant une statue du Christ transportant sa grande croix en guise de supplice,
Retour au film
Le manoir Xavier de Westchester est enfin redevenu l’Institut Xavier, Charles Xavier et Hank McCoy y enseignent, les élèves y sont nombreux, la vie continue.
Le film commence même d’une façon similaire au premier X-Men, mais cette fois avec le personnage de Cyclope (Tye Sheridan) au lieu de Malicia, qui intègre l’Institut et découvre ses nouveaux pouvoirs alors qu’il ado.
On retrouve même Jean Grey (campée cette fois-ci par la très jolie Sophie Turner), histoire de bien revenir aux sources, mais sans faire dans le fan-service bateau (Comme le fait le MCU).
Et sa présence n’est pas anodine.
Jean Grey: Le personnage le mieux caractérisé avec Magneto et Charles Xavier
C’est un gros point fort dans le scénario et dans la caractérisation du personnage, le film pose les prémices de l’arc du Phénix Noir, et donc le film X-Men: Dark Phoenix, sorti trois ans après Apocalypse, en 2019.
Assez tôt dans le film, lorsqu’En Sabah Nur se réveille de sa longue sieste de 3000 ans et que des tremblements de terre résonnent dans le monde entier (Au Caire, à Berlin-Est sous les pieds de Mystique et Kurt Wagner (Kodi Smit-McPhee), à Pruszków sous les pieds d’Erik Lensherr, et à Westchester, ce qui réveille les élèves de l’institut Xavier), Jean Grey se met à faire des cauchemars et Charles Xavier a des visions cataclysmiques.
“Tu es l’esprit le plus puissant que j’aie jamais vu, il a réussi à se persuader lui-même… -Non, non, c’est rien de tout ça! C’est pas qu’une question de télékinésie ou de télépathie, c’est autre chose! Une espèce… de force obscure en moi, à l’intérieur, je la sens qui grandit, qui s’étend comme un incendie! Moi qui commençais à aller mieux…“
Jean confie sa peur de passer du côté obscur, craignant de ne pouvoir contrôler son pouvoir de télékinésie aussi puissant que celui de Charles. C’est l’objet de l’arc du Dark Phoenix, qu’on a déjà eu dans X-Men: L’Affrontement Final en 2006, et bien sûr dans X-Men: Dark Phoenix en 2019, film pas terrible dont le point fort est l’excellente partition musicale de Hans Zimmer.
Au Caire, lorsque Charles est aux portes de la défaite, Jean se déchaîne contre En Sabah Nur. Les flammes qui l’entourent rappellent la forme d’un phœnix.
Magneto: Le poissard (Non, c’est pas sympa)
Déporté quand il était enfant, a perdu sa maman des mains de Sebastian Shaw (Kevin Bacon dans X-Men: Le Commencement) pour exploiter ses pouvoirs à Auschwitz, s’est mis à dos Charles Xavier et Mystique, arrêté pour l’homicide involontaire de John F. Kennedy, ne connaît pas ses enfants mutants… Erik Lensherr, alias Magneto, n’a pas toujours eu de la chance dans sa vie. Même loin de la civilisation occidentale, la poisse le rattrape. Il vivait une vie tranquille pépère à Pruszków, en Pologne, avec un petit boulot d’usine et une beau petit cottage à la campagne avec une jolie nénette, Magda, et une fille mignonne et innocente, Nina. Mais surtout, il vit incognito sous une nouvelle identité, Henryk Gurszki.
Les ennuis le rattrapent après qu’Erik a sauvé un de ses collègues avec ses pouvoirs, dans la foulée du tremblement de terre causé par le réveil d’En Sabah Nur au Caire.
Alors qu’Erik se laisse arrêter par la police sous une nuit bleue cradingue alors que ça se voit qu’il fait jour et bien ensoleillé (Mais feeeeerme ta gueeeeeeule), qui sait désormais qu’il est Magneto, Nina supplie son père de rester et jure de ne pas laisser la police l’emmener, agitant les rapaces dans la forêt. Surprise, c’est une mutante. Et il y a un flic, ce gros schlague, il décoche accidentellement une flèche, qui transperce Magda et Nina et les tue sur le coup.
Ce passage est tellement déchirant. Il se dit que Michael Fassbender aurait fait pleurer Bryan Singer et l’équipe du film sur le tournage, probablement pour cette scène. Jamais on n’avait vu un Magneto aussi ébranlé.
Si l’est bien des choses qu’on peut reprocher au film, ce n’est certainement pas cette scène, qui est l’une des plus fortes et les plus riches de toute la saga, émotionnellement parlant.
Son retour à Auschwitz, avec En Sabah Nur et les autres Cavaliers de l’Apocalypse, est elle aussi assez forte. Sa destruction du camp avec ses pouvoirs et sa réutilisation du métal pour accroître sa puissance est une belle revanche sur la vie.
La discrimination envers les mutants et le pouvoir, message inhérent à tous les films de la saga X-Men
L’arrestation de Magneto, la clandestinité de Mystique, le combat en cage de Diablo et Archangel, la capture du Fauve, Mystique, Moira et Quicksilver par William Stryker rappellent la différenciation des mutants par les humains et l’importance des combats de Charles Xavier et Magneto. Les mutants sont depuis toujours une métaphore des minorités, raciales comme religieuses et sexuelles. Mais les X-Men, ils sont plus cool. Héhé.
Il est question aussi de l’utilisation des pouvoirs de mutants. Charles le dit au tout début: “Un don peut être une malédiction.“, et il l’explique à Scott Summers: “Au début, ce n’est jamais un cadeau.“ Ce questionnement est déjà présent depuis le premier opus des X-Men.
Une Apocalypse trop timide et superficielle
Le plan-séquence post-générique de X-Men: Days of Future Past préparait le terrain pour Apocalypse, avec En Sabah Nur bâtissant une pyramide pendant qu’il est vénéré par des fidèles, et en arrière-plan, à sa gauche, les silhouettes des quatre Cavaliers de l’Apocalypse. C’est un passage tout simple, et pourtant assez éloquent et ambitieux pour faire grimper ma hype pour le film suivant, les symboliques s’accumulent en même pas une minute, un mutant présumément tout-puissant!
Toujours est-il que l’ambition s’est quelque peu amoindrie avec X-Men: Apocalypse. Le rapprochement avec le Nouveau Testament est toujours là, évoqué par l’agent de la CIA Moira MacTaggert (Rose Byrne) avec Charles Xavier et Alex Summers/Havok (Lucas Till), mais peu développé. J’ai encore l’image des cavaliers sur la dune en arrière-plan, à cheval et côte à côte. Ici, En Sabah Nur a bien ses quatre cavaliers, Tornade (Alexandra Shipp), Psylocke (Olivia Munn), Archangel (Ben Hardy) et Magneto, mais le charisme et la symbolique ne suivent pas tellement. D’ailleurs, les Cavaliers sont censés avoir des sortes de noms de code empruntés aux quatre cavaliers bibliques: Mort, Famine, Pestilence et Guerre.
Tornade, Psylocke, Archangel et Magneto sont là juste en tant que bras droits d’En Sabah Nur, le caractère prophétique et de mauvaise augure des quatre Cavaliers est éludé. Bryan Singer ne les met pas assez en valeur dans sa mise en scène, malgré quelques plans cools.
Ça me fait penser que la présence du mutant Caliban (Tómas Lemarquis) dans le film ne sert à rien, si ce n’est faire une ref aux Cavaliers dans les comics, parce que Caliban en fait partie.
Quant au personnage d’Apocalypse, il nous est présenté comme le mutant originel, le plus puissant de tous, un genre à la fois de dieu et de Prométhée (Il dit lui-même à Magneto à Auschwitz “J’étais là pour allumer et nourrir la flamme qui anima les hommes, j’étais là pour lancer la roue de la civilisation“. À la différence que… ben, il manque cruellement d’aura divine ou prophétique.
Oscar Isaac est très bon, mais En Sabah Nur fait juste mutant, je vois un simple super-vilain, puissant et menaçant, mais pas un être supérieur et dont la toute-puissance vertigineuse et le gigantisme condamnerait nous condamnerait au désespoir, comme une divinité lovecraftienne ou comme dans le sonnet de Percy Shelley “Ozymandias“:
“Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Voyez mon œuvre, ô puissants, et désespérez !“
À titre de comparaison, même Bolivar Trask et les Sentinelles du film précédent, X-Men: Days of Future Past, sont plus menaçants.
Quant à l’Apocalypse, sans vouloir pour autant une adaptation du livre de l’Apocalypse avec l’ouverture des Sept Sceaux et la Révélation, elle n’est pas si apocalyptique que ça. Certes, on a un gros séisme à l’échelle mondiale, un lancement de toutes les ogives nucléaires de la planète, des destructions, un message prophétique d’En Sabah Nur propagé par Charles Xavier, mais ça manque de guerre, armée comme nucléaire, de mort, de putréfaction, de famine, etc…
Cette apocalypse me laisse un peu sur ma faim.
Conclusion
Malgré une apocalypse faible, un antagoniste cruellement sous-exploité et une direction artistique qui va du bon au renfermé, X-Men: Apocalypse nous offre un récit classique de son univers, renouvelant le message sur le rapport entre les humains et les mutants, une aventure des X-Men comme on les aime, avec un James McAvoy et un Michael Fassbender bien inspirés.
Synopsis
Dans l’Égypte antique, les mutants étaient vénérés comme des dieux par les humains. Alors qu’un nouveau corps est choisi et utilisé pour y transférer la conscience du mutant originel, En Sabah Nur, dit Apocalypse (Oscar Isaac), une conspiration est mise en place pour mettre fin au cycle. La conjuration échoue de peu, mais Apocalypse est endormi, enfoui sous les décombres d’une pyramide. 3600 ans plus tard, en 1983, Charles Xavier (James McAvoy) accueille avec Hank McCoy (Nicholas Hoult) des centaines de jeunes mutants dans son manoir enfin réaménagé en école. Erik Lensherr/Magneto (Michael Fassbender) a disparu de la circulation et vit sous une nouvelle identité dans une belle petite maison à Pruszków, dans la campagne polonaise avec une femme et une fille. Mystique (Jennifer Lawrence), devenue un modèle pour les mutants, vit clandestinement. Et enfin, En Sabah Nur se réveille au milieu du Caire et constate avec désarroi la domination des humains sur les mutants.