Avant d’être un film, Velvet Goldmine est une chanson de David Bowie enregistrée en 1971. Elle a été enlevée de l’album Ziggy Stardust mais les fans la connaissent fort bien. Alors quand le film de Todd Haynes sort en 1998, les fans trépignent et imaginent le biopic définitif de David Bowie période glam. Sauf que l’animal n’a pas cédé les droits des chansons ni n’a permis d’utiliser son image. Le réalisateur a donc fait une évocation assez fidèle, changé les noms mais conservé l’esprit d’une période charnière du rock, où toutes les outrances étaient permises, musicalement, sexuellement, tout. Avec un film qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

Une époque bénie ressuscitée à l’écran

A défaut de Bowie, la BO multiplie les références à l’époque. Roxy Music, Brian Eno, c’est un best-of de l’époque musicale. Le héros Brian Slade interprété par Jonathan Rhys-Meyer vient de nulle part, se cherche et devient l’icône de toute une génération. Le réalisateur reprend la chronologie, époque folk, robes de garçon, cheveux longs puis changement de producteur (formidable Eddie Izzard en Jerry Devine, évocation du roublard Tony Defries) et lancement de sa carrière météoritique. Avant la chute dans un nuage de poudre blanche. Voilà, les grandes lignes sont brossées, mais le film va bien au-delà. Couleurs flashy, platform boots, homosexualité débridée, tout est fait pour choquer la vieille Angleterre post-WWII et la nouvelle génération en profite pour se libérer des carcans anciens. Le film multiplie les effets visuels pour faire ressortir la force métaphorique de l’époque. Le groupe du héros s’appelle the Venus in Furs, du nom d’une chanson du Velvet Underground, le nom du héros même provient de Slade, groupe ayant réellement fait partie de la vague glam, tous les éléments du film semblent provenir de la vraie réalité. jusqu’à l’évocation d’Oscar Wilde, emblème de la folie gay.

Une ode au Glam Rock

Si David Bowie a fait la sourde oreille, nombreux sont ceux qui n’ont pas rechigné à participer musicalement au film, comme un des fondateurs de Roxy Music, Brian Eno. Ses chansons tirées de son album Here come the warm jets apparaissent dans certains des moments les plus marquants du film. Un super groupe a même été créé pour l’occasion, avec le chanteur de Radiohead Thom Yorke à la voix pour reprendre notamment le célèbre 2HB de Roxy Music. Le film devient un melting pot de références absolument divin. Quant au personnage de Curt Wild interprété par Ewan McGregor, il est un mélange d’Iggy Pop et de Lou Reed, chanteurs tous deux aidés et chouchoutés par le magicien Bowie au début des seventies. Les moments les plus punks du film sont ceux avec l’acteur écossais qui se met nu sur scène et chante des insanités. Le fil conducteur du film est tissé par un journaliste vivant à New York, Arthur Stuart, interprété par un surprenant Christian Bale qui se souvient de ses premiers émois érotiques à l’écoute des chansons glam. Les flashbacks accompagnent ses recherches pour savoir ce qu’est devenu Brian Slade, victime d’un faux meurtre et disparu des radars. Qui connait l’histoire de Bowie sait ce qu’est devenu l’icone glam à l’orée des années 80, transformé en pancarte publicitaire blond peroxydé. Le film brosse une critique en filigrane mais ne s’éloigne pas tant que ça de la réalité.

Le film est une pépite musicale et scénaristique. Les fans de Glam sont ravis mais le film peut toucher un public plus large grâce à son humour très british et l’évocation haute en couleurs d’une époque de libération sexuelle dont les traces se retrouvent encore aujourd’hui. Un film à regarder une fois par an pour apprécier toutes ses multiples facettes.