Le dernier grand film d’espionnage sur la guerre froide était La Taupe sorti en 2011. Benedict Cumberbatch y apparaissait déjà dans un rôle légèrement secondaire mais pourtant captivant en espion pris dans une affaire qui le dépassait. Il revient en monsieur tout-le-monde english représentant de commerce utilisé par les serices secrets américains pour dérouter l’adversaire communiste uniquement focalisé sur les espions professionnels de l’ouest. Le film débute sur un faux rythme avant de gagner une intensité surprenante quand les destinées des personnages virent au drame. Tiré d’une histoire vraie, le film finit par prendre aux tripes, un très bon moment de cinéma palpitant.

Un temps que les moins de 20 ans…

La guerre froide, le bloc de l’est contre le bloc de l’ouest, le mur de Berlin, la crise des missiles à Cuba, peu sont ceux qui s’y intéressent parmi la jeune génération. Ces affaires ont pourtant rythmé la seconde moitié du XXe siècle dans une ambiance de psychose généralisée hautement paranoïaque, un terreau fertile pour les thrillers d’espionnage. Le film débute avec un focus sur une statue de Lénine gigantesque pour bien mettre dans l’ambiance. Les services secrets américains et anglais tentent de récupérer des informations confidentielles chez les ennemis mortels russes, mais pour cela il leur faut une taupe. Ils ont donc l’idée d’envoyer un quidam anonyme mais doué d’un bagout hors pair pour flairer une bonne piste auprès d’un colonel soviétique qui cherche à éviter la fin de l’humanité pour cause de lâchers intempestifs d’ogives nucléaires. Entre Benedict Cumberbatch, grimé avec moustache et chapeau du plus bel effet et son homologue soviétique interprété par Merab Ninidze, l’intérêt humaniste est doublé d’une belle amitié. Se croyant à l’abri des risques, ils ne voient pas la menace se préciser jusqu’à mettre en échec leurs velléités de fuite à l’ouest. Le film devient alors une chasse à l’homme, beaucoup plus palpitante que les enjeux géopolitiques initiaux, surtout quand le personnage de Benedict Cumberbatch finit amaigri et affaibli dans les geôles communistes. Le numéro d’acteur est impressionnant, digne de celui de Christian Bale dans The Machinist et les sacrifices consentis pour arriver à ce résultat frisent la performance.

Le film d’espionnage un peu ardu à suivre devient une thèse sur le jusque-boutisme de deux blocs politiques capables de toutes les extrémités, jusqu’à la barbarie, pour prendre le dessus sur l’opposant. De quoi se réjouir de la fin de cet antagonisme bicéphale qui pourrissait les relations diplomatiques de la planète prenant 50 ans… Et au final une très belle performance d’acteur qui donne tout son sel à un très bon film d’espionnage à l’ancienne, au ton grisâtre, aux verres de whisky rapidement descendus et à la vodka servie avec du caviar.

Synopsis: 1960. Modeste représentant de commerce anglais, Greville Wynne se retrouve plongé au cœur de la guerre froide. À la demande du MI-6 et de la CIA, il noue une alliance aussi secrète que périlleuse avec le colonel soviétique Oleg Penkovsky. Objectif : fournir les renseignements nécessaires aux Occidentaux pour éviter un affrontement nucléaire et désamorcer la crise des missiles de Cuba. Il entame alors une série d’allers-retours entre Londres et Moscou en prenant de plus en plus de risques…