Critique : La colère sociale rougeoie constamment, même dans les nuits les plus sombres ou dans la lumière la plus aveuglante. Elle se développe, peu à peu, attendant l’explosion imminente de sa croissance perpétuelle. Ce bouillonnement a, bien évidemment, alimenté diverses fictions en tous genres mais il reste intéressant de voir comment elle se voit représentée de façon contemporaine, notamment par le biais de personnalités aussi marquées que le réalisateur Amat Escalante, ici avec son dernier long-métrage, « Lost in the night ».

La narration du long-métrage paraît à priori mal aimable, notamment par ses glissements de personnages. Il s’en dégage un aspect cru, retrouvé lors de certaines images qui mettent l’intimité de ses protagonistes en plan proche. Mais c’est par sa gradation atmosphérique que « Lost in the night » parvient à capter notre curiosité. Quelque chose est dans l’air, une forme de dérangement qui se retrouve dans une lumière soignée reflétant une certaine artificialité du monde dans ses décors, comme un creux résonnant perpétuellement dans le paysage. La charge sociale s’y développe en mordant, aiguisant ses dents pour mieux attaquer dans des sursauts assez surprenants, déflagrations d’une tension qui trouve d’autres chemins pour se développer.

La moiteur s’insinue progressivement dans la narration ainsi qu’une certaine forme de trouble moral et émotionnel, en particulier au vu des dérivations de ses protagonistes. L’enquête d’Emiliano se fait tortueuses, sinueuse par sa manière de dévier de certains codes du thriller pour mieux en embraser d’autres. En distillant son intrigue dans un océan de thématiques, « Lost in the night » surprend, désoriente mais surtout réinscrit ses réflexions dans une globalité nécessaire par ses questionnements. Il en sort un résultat âpre mais fascinant par ses dérives, ses réorientations et sa façon de s’inscrire dans une colère sourde attendant d’éclater dans la douleur.

Résumé : Dans une petite ville du Mexique, Emiliano recherche les responsables de la disparition de sa mère. Activiste écologique, elle s’opposait à l’industrie minière locale. Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, ses recherches le mènent à la riche famille Aldama.